Je vous emmène aujourd'hui, visiter un petit hameau du bout du monde : Dormillouse. A 1785 m d'altitude, il se niche dans la vallée de Freissinières, dans les Hautes Alpes. Ici les paysages sont sublimes !
Dormillouse est l'un des 13 hameaux de Freissinières, Pays des Ecrins, le seul lieu habité au coeur du Parc National des Ecrins.
Nous garons notre van au parking du terminus de la route, sur la rive gauche du torrent de la Byaisse.
Après environ une heure de montée, raide, par un sentier qui chemine dans la forêt de mélèze, puis longe des prés de fauche, et des éboulis, nous arrivons au hameau de Dormillouse, (on y accède qu'à pied).
Le sentier est bordé de cascades bouillonnantes, et de petits jardins de rocaille.
Lors de notre grimpette, nous croisons cinq patous, qui arrivent droit devant nous. Le chemin étant très étroit, pas moyen de s'écarter.
En alpage, les chiens de protection sont là pour protéger les troupeaux des prédateurs (loups, etc.).
Nous les laissons passer avec toutefois un peu d'appréhension. Nous les croiserons aussi au retour, mais là en compagnie du berger et son motoculteur bien chargé.
Etant un peu plus rassurés, nous échangeons quelques mot. Il a beaucoup de courage, dans ce chemin escarpé, pour monter tout son attirail dans les pâturages.
Situé au fond de la vallée de Freissinières, le hameau de Dormillouse (qui veut dire marmotte en provençal), fut longtemps habité de façon permanente. Les anciens choisirent cet emplacement pour construire un village, car il était à l'abri des avalanches.
Passé ce pont de bois qui franchit le torrent de Chichin, nous apercevons les premières maisons du quartier des Enflous, et le moulin à eau.
La roue, invisible, qui se trouve sous le moulin est dite horizontale, c'est à dire que l'eau détournée du torrent par un canal, passait sous le moulin. Le bâtiment est percé d'arches pour le passage de l'eau. Restauré en 1980, il servait à moudre le seigle. Une turbine hydroélectrique, située près du moulin à eau assura l'éclairage public et celui des particuliers pendant 20 ans.
Moulin de Dormillouse
Ce sont d'impétueuses cascades qui accompagnent le randonneur sur le sentier qui monte au village,
Mais aussi des fleurs, en cette saison printannière, qui se nichent aux abords du sentier.
L'histoire de Dormillouse, comme celle de Freissinières, est essentiellement liée à celle des Vaudois et des protestants, qui ont trouvé en ce lieu escarpé un abri quasi inexpugnable. Le village qui comptait 300 habitants au milieu du XIXe siècle, 62 en 1901, et 35 en 1935, n'abrite plus que 2 à 3 permanents.
Aujourd'hui, la plupart des maisons sont à l’abandon ou en ruines, même si plusieurs ont été restaurées par des descendants des anciens habitants du hameau.
Il faut la journée complète pour faire les courses à Briançon. et l'hélicoptère dépose 2 livraisons par an. La construction d'une route carrossable a été envisagée, mais l'idée fut abandonnée, devant la difficulté et l'abandon progressif du village par ses habitants.
En raison de sa situation isolée, Dormillouse a, de tous temps, servi de refuge aux persécutés et autres « hérétiques ». Ce sont les disciples de Pierre Valdo qui ont laissé les premières traces d’une présence certaine à Dormillouse.
C'est dans ce village isolé que sont venus se réfugier les Vaudois, persécutés par l'église catholique, puis les protestants, après la révocation de l'Edit de Nantes, au XVIIème siècle.
Durant les guerres de religion, ils y ont subi une répression quasi constante marquée par des périodes de calme, et de violence extrême.
Vers 1660, un habitant de Dormillouse, Claude Baridon, dit Bécaru, tua un des seigneurs de Freissinières, qui voulait s'emparer des terres des habitants de Freissinières. Postés sur le chemin de Val-Haute, ils attendirent de voir arriver la bande du seigneur pour lui tirer dessus.
Les agresseurs se précipitèrent sur le seigneur, lui remplirent la bouche de terre en la tassant avec le canon de leur fusil et lui dirent : « Tu en veux de la terre, en voilà ! ». Bécaru fut arrêté par la maréchaussée et, alors qu’ils le descendaient dans la vallée, il se précipita dans les rochers au niveau de la cascade.
Repris, il fut jugé et condamné à mort. Bécaru signifie en occitan : qui se "rebèque", qui a la réplique facile.
Mais l'évènement le plus marquant du début du XIXe s. est l’arrivée en 1823 du pasteur genevois Félix Neff qui allait transformer profondément toute la vallée et Dormillouse. Il trouva les habitants dans le dénuement le plus total, sur le plan spirituel, moral et économique.
Il employa alors toutes ses forces au redressement de la situation dans tous les domaines. Il créa de toutes pièces une école puis une école normale dans sa maison, faisant appel à des instituteurs du Queyras.
Gîte refuge de l'école
Difficulté : sans difficulté technique particulière, (l'hiver déconseillé en raison des risques d'avalanches)
Attention toutefois : ce circuit est déconseillé en période pluvieuse, en raison des risques de chutes de pierres au niveau des barres rocheuses que l'on traverse à la montée.
Départ : Parking (à 1 360 m d'altitude), 1,3 km après le hameau les Mensals, dans la vallée de Freissinières.
Dénivelé : 340 m
Temps de marche : 3h A/R (Temps de marche donné à titre indicatif, sans les pauses)