Après le charmant village de Chazelet, je vous emmène dans un autre village authentique, le hameau des Hières (commune de La Grave), dans les Hautes Alpes.
Au cœur de la Haute Romanche, en bordure du parc des Ecrins, il offre un panorama exceptionel, sur le massif de la Meije, et ses glaciers, à 1750m d’altitude.
C’est un point de départ idéal pour de magnifiques randonnées, à proximité du Plateau d'Emparis, au cœur d’une nature préservée, faite d’alpages, de lacs, de fleurs, de marmottes et de chamois.
C'est un hameau en balcon, avec ses prés en terrasses, qui dominent les petites maisons en pierres de tuf, groupées autour de son église du début du XVIIe siècle.
Il faut avoir l'oeil aux aguets pour découvrir, dans ses ruelles, les trésors que le village dissimule.
La belle église St Pierre et St Paul, dans une paroisse qui est l'une des plus anciennes du canton et qui se détacha de celle de la Grave à partir du XVe siècle.
Il faut faire le tour de l'église pour découvrir de vieilles pierres sculptées de masques et de croix.
Ne pas quitter ce lieu sans flâner dans le charmant cimetière et ses croix en bois alignées.
Toutes ces fleurs font de ce petit cimetière un vrai jardin d'Eden ! L'éternité doit être plus douce à l'ombre des glaciers de La Meije...
Le long des ruelles escarpées, les beaux murs des maisons, arborent leurs pierres et linteaux gravés, de dates, d'initiales et de coeurs, de fleurs de lys ou de dauphins...
Aujourd'hui encore, la tradition se perpétue au Pays de la Meije. Une tradition qui date depuis l'an 1428, environ. Autrefois on cultivait le seigle, une céréale qui supporte le mieux les rudes climats de la région. Le pain, était cuit, jusqu'à la Révolution, une ou deux fois par an, dans le four banal, et il était consommé l'année durant.
A partir du deuxième mois, le pain était si dur qu’il fallait un taille pain, spécial, pour en venir à bout. Le pain était conservé dans le grenier des maisons, et on le mangeait, toujours trempé dans le lait , du vin, ou de la soupe.

On achetait du pain blanc, une fois par an, lorsqu’on tuait le cochon. Ce pain servait à épaissir le bouillon du pot au feu.

La rareté du bois explique probablement cette coutume propre à la région de la Grave. Le troisième week-end de novembre, juste avant les premières neige, la communauté s'active pendant plusieurs jours. Le seigle a été récolté. On se prépare à passer l'hiver, qui s'annonce déjà, avec le col du Lautaret recouvert de neige.
On fabrique, selon une recette immuable, le pain bouilli ou "pô buli" en patois. Un moment intense et important, car les habitants du village ne fabriquaient à l'origine ce pain qu'une fois par an et le conservaient toute l'année. On élisait alors des fourniers, et des pétrisseurs, pour fabriquer ce pain pétri, avec de la farine de seigle, et de l'eau bouillante, d'où son nom.
Techniquement, cela a l’air simple puisqu’on mélange de la farine de seigle et de l’eau très chaude. Mais il faut ensuite une énorme énergie humaine parce que la pâte doit être pétrie, et repétrie des heures durant. Le pétrisseur armé d'une grande pelle en bois mélange farine et eau. Ce sont les deux seuls ingrédients requis pour confectionner la pâte. Puis on assiste à un concert endiablé à quatre mains et deux bâtons pour parfaire le mélange de 5 kg. Il fallait aussi avoir de bons muscles.
La pâte qui a levé pendant douze heures est préparée sous la forme de gros pains cubiques qui sont entreposés sur de grandes étagères, en attendant d'être cuits pendant 7 heures. Il faut attendre que la fournée précédente soit sortie du four et que le four soit à nouveau chaud.
Les fours banals appartenaient aux seigneurs, qui au nom du droit de ban, percevaient une redevance, souvent en nature. Ce droit de ban permettait aux seigneurs d'imposer aux habitants de la seigneurie, l’obligation d’utiliser de façon exclusive le four, le moulin, le pressoir, qu'eux-même avaient édifiés.

Ces installations étaient payantes, au profit des seigneurs, pour l'utilisation du four, du pressoir, ou du moulin. Plus faciles à construire, et à camoufler, les fours particuliers, illégitimes, permettaient d’échapper à la banalité tant que les agents du seigneur ne les avaient pas découverts, puis fait détruire.
Ces privilèges, abolis en 1789, sont définitivement supprimés en 1793. Espérons que cette tradition se perpétura, au pays de la Meije, encore longtemps, dans une ambiance chaleureuse, et conviviale, pour le plus grand plaisir des gens de passage qui pourront également déguster les spécialités culinaires, tourtes, ravioles, pompes et autres crozets.
Bon weekend à tous et merci pour vos commentaires que je lis toujours avec beaucoup de plaisir !