Au détour d’une petite route de Provence, dans le Haut Var, se cache une magnifique, et étonnante, abbaye cistercienne ! L’abbaye du Thoronet constitue l'un des plus beaux spécimens de l’architecture romane provençale, à son apogée, par l’harmonie de ses proportions, l’équilibre des masses, la perfection des pierres assemblées avec soin. Nous l'avions visité il y a de nombreuses années, et voulions y retourner.
Elle est nichée au fond d’un vallon aujourd’hui asséché, suite à l’exploitation de la bauxite, mais qui était autrefois marécageux. Au milieu de chênes verts, et oliviers, elle bénéficie aussi d’un cadre paysager extraordinaire.
L'abbaye fut fondée dans la deuxième moitié du XIIe siècle, par des religieux venus de l’abbaye de Mazan (en Ardèche). C’est en 1146 que des moines venus de Tourtour pour trouver de l’eau, découvrirent ce site.
Bassin à l'entrée de l'abbaye
La construction débute dans les années 1160 et se poursuit jusque vers 1230. La règle de saint Benoît leur imposait de vivre dans un état d’humilité, de pauvreté et d’équilibre, entre le travail et la prière. Les cisterciens recherchent le silence, ils travaillent de leurs mains, cultivent la vigne et l’olivier. A partir du XIVe siècle, les règles se relâchent. L’effectif des moines diminue. Sous la Révolution, ils sont chassés, l’abbaye est laissée à l’abandon. Elle sert de carrière de pierres aux villageois qui viennent y chercher des matériaux pour construire leur maison.
Prosper Mérimée, en 1840, sauve l’abbaye en la signalant à l’architecte des Monuments historiques. Il déclare que cette construction est un monument majeur de l’architecture romane. Sauvée des ruines, on commence à la restaurer en 1841, ce qui lui permettra de retrouver son apparence d’origine.
Certains bâtiments ont complètement disparu : la cuisine, le scriptorium, le réfectoire des moines. Fort heureusement, une grande partie des pièces sont encore intactes, et les parcourir donne aux visiteurs curieux un aperçu du quotidien des moines.
C'est l’une des « trois soeurs », du groupe d'abbayes cisterciennes, provençales, formé par Senanque et Silvacane, avec celle-ci. Toutes trois présentent les caractéristiques de l'architecture cistercienne : pureté, dépouillement, harmonie…
Ses dimensions ne sont guère impressionnantes. Elle n’a guère compté qu’une trentaine de moines, adonnés à la prière, et une cinquantaine de frères convers, chargés des tâches matérielles. Les bâtiments ont été implantés de manière irrégulière, en tenant compte du terrain. Pourtant, c’est une impression d’harmonie et de force spirituelle qui s’impose au visiteur.
De nos jours on peut visiter les jardins, l’église, le cloître et plusieurs bâtiments qui abritaient autrefois les religieux.
L'église :
De style roman, et édifiée avec des pierres de calcaire de la région, elle présente une façade sobre, et un état de dépouillement conforme à la quête d'austérité des Cisterciens. De taille modeste, avec ses 40 m de long et 20 m de large, la nef est couverte de voûtes en berceau.
Elle présente aussi des proportions harmonieuses, où les jeux de lumière furent subtilement créés. Quelques fragments de peinture murale ornent encore les absides : toutefois, elles sont beaucoup plus récentes que le bâtiment lui-même puisqu’elles sont datées du XVIIIe siècle. L’église possède une acoustique exceptionnelle, adaptée à la mise en valeur de la voix humaine, et à la résonance du chant grégorien. Émotion garantie !
Le cloître :
Il s'agit de l'un des cloîtres cisterciens les plus anciens à être encore intacts, sa construction étant estimée à 1145. Il constitue le cœur de l'ensemble monastique et relie les différents bâtiments les uns aux autres.
La forme trapézoïdale du cloître a suscité bien des interrogations. S’agit-il d’une simple adaptation à la topographie du terrain, ou doit-on y voir une configuration chargée de symboles.
Ses quatre galeries encadrent un jardin, dont le calme est propice à la méditation et à la prière. On remarque les arcades de la galerie sud, caractéristiques de l'art roman cistercien, tandis que celles de la galerie nord possèdent des chapiteaux ornés de feuilles d'eau et de crochets, typiques de la période gothique.
Le lavabo ou lavatorium :
Près de la galerie nord, dans le jardin intérieur du cloître, se trouve un petit pavillon dédié à la toilette des moines. Il est considéré comme l’un des plus purs exemples de lavabo cistercien. La disposition hexagonale du pavillon avait une signification symbolique en rapport avec la tradition gallo-romaine. Les moines utilisaient cet incroyable lavabo pour faire leurs ablutions et se purifier. Ils entraient par groupes par une porte, et ressortaient par l’autre. Seize robinets sont branchés à la vasque, supérieure, de 1,35 mètre de diamètre. La fontaine du cloître est abritée dans un édicule donnant sur les galeries et le jardin.
Le Dortoir :
Il occupe l'intégralité de la partie supérieure du bâtiment des moines et communique directement avec l'église. Couvert d'une longue voûte en berceau brisé, il possède de nombreuses baies laissant entrer la lumière. Tout d'abord communautaire, le dortoir fut ensuite réorganisé en cellules à la fin du Moyen Age. Le dortoir donne accès à la terrasse qui surplombe le cloître ainsi qu’à la cellule du père abbé. Face à l’ouverture de cette cellule, un escalier monte au clocher.
La terrasse :
D'ici, on peut voir les ouvertures vitrées donnant sur le réfectoire. Vue presque entière sur le carré du cloître, et petit aperçu des "ruches" du jardin des simples de Johan Creten, en hommage aux abeilles laborieuses, qui ressemblent à des têtes de cavaliers casqués du moyen-âge ...
Vue sur la droite du petit bâtiment hexagonale du lavabo.
La salle capitulaire :
Elle date de 1170 pour les murs et les colonnes, de 1200-1240 pour les voûtes d’ogives. L’importance du lieu est reflétée par la qualité de son architecture gothique, et de son décor. La salle capitulaire était un lieu essentiel de la vie de la communauté. Les moines s'y installaient pour écouter le lecteur.
La salle capitulaire était aussi le lieu où se prenaient les décisions politiques de « la cité » : élection du nouvel abbé, admission de nouveaux moines, décisions économiques et administratives. Installés sur des gradins en pierre, face à l'abbé, les moines avouaient leurs fautes, et demandaient pénitence. Des bancs de pierres ont remplacé ceux en bois lors des restaurations.
Le Cellier :
Le cellier se présente actuellement sous la forme d’une longue pièce rectangulaire, accolée à la galerie ouest du cloître. C'est dans le cellier que les convers veillaient à la conservation des denrées. La forme du bâtiment n’est plus d’origine car celui-ci a connu de nombreux remaniements architecturaux. Le cellier est vaste et frais, et est couvert d'une belle voûte en berceau brisé.
On peut aussi y admirer le pressoir à huile d'olive, et les pressoirs, installés bien plus tard pour extraire le vin.
En haut, la cuve à foulage où les moines piétinaient le raisin et dont le jus sortait par le trou aménagé dans le mur.
La visite se terminée par les jardins, et le joli bassin.
TARIFS : Entrée 8 €. Gratuit - 18 ans et 18-25 ans ressortissant UE. Groupe (+ 20) : 6,5 €. Tarif réduit : 6,5 €. Audioguide : 3 €
Ce site, le plus visité du Var, mérite que l'on s'y attarde. Nous sommes malheureusement arrivés un peu tard, avec un temps un peu couvert, ce qui fait que les photos ne rendent pas vraiment la réalité du site.
Pour en savoir plus sur cette abbaye :
http://www.le-thoronet.fr/var/cmn_inter/storage/original/application/5c1d1354880774af7de046bd5ae40561.pdf
Au fait, est-ce que ton blog a été raccourci volontairement en largeur, ou a-t-il été toujours de cette dimension ? Si oui, ce serait peut-être mieux pour les photos, qui seraient bien plus grandes !
Le mien en fait n'est pas plus large car j'ai deux colonnes, une de chaque côté... ce qui n'est peut-être pas un avantage, car la colonne de gauche n'apparaît pas sur nos téléphones ... à moins que de modifier, en mettant la version ordinateur...
Bonne fin de journée,
Gilbert