Un autre village incontournable dans le Queyras : Saint Véran, que nous revisiterons en août dernier. Visiter le village de Saint-Véran, dans les Hautes Alpes, a quelque chose de peu commun. Pourquoi ?
Tout simplement parce que cette commune a la particularité d’être la plus haute d’Europe. Et oui, Saint-Véran se situe à 2 042m d’altitude, où "le coq picore les étoiles et le ciel est à portée de main".
Le trajet pour y parvenir est superbe ! En passant par le sud vous longerez le Guil et verrez le beau château de Ville Vieille.
D'où qu'on vienne la découverte de Fort-Queyras est saisissante, avec son donjon du moyen-âge, sa demi-lune, ses échauguettes et ses mâchicoulis datant de Vauban.
Fort-Qyeras
Une plaque au pied du fort vous dira que celui-ci a été pris une fois par Lesdiguières à la tête des protestants en 1587.
Du haut de ses remparts on admirera la vue sur la vallée du Guil et son confluent au loin avec l'Aigue Blanche qui descend de Molines, avec ses prairies à l'adret et ses bois sombres à l'ubac. On se souviendra que ce torrent, paisible, au pied de ce verrou glaciaire a aussi des crues dévastatrices comme en 1957, où le Queyras a été ravagé en plein été.
St Véran, à la frontière italienne, nous a séduit par son paysage à couper le souffle et son ambiance hors du temps. Situé au coeur du Parc Naturel Régional du Queyras, ce village de montagne est classé parmi les plus beaux villages de France. Bénéficiant d'un cadre naturel privilégié, ce superbe village a conservé de son passé un remarquable patrimoine bâti, témoin de la vie rurale d'autrefois. Rien de tel pour un dépaysement, et un grand bol de nature, que de venir flâner dans ce beau village !
Ses mélèzes si beaux, orangés à l’automne, le calme de ses alpages, ses bergeries, ses troupeaux de chèvres qui gambadent, ses lacs de montagne profonds, ses maisons traditionnelles, ses fontaines, les bancs de pierre sur lesquels les habitants viennent se réchauffer au soleil, et goûter le plaisir de ne rien faire, pour un bref instant…
Il est habité toute l’année par d’irréductibles Haut-Alpins qui profitent de ce cadre magnifique. Saint-Véran est exposé plein sud et ce n’est pas désagréable il faut bien l’avouer ! 🙂
Même en plein été les nuits sont très fraîches, à cette altitude, à peine 6° lorsque nous y sommes passés.
Quasiment à l’entrée du village, la maison du Soum vaut une visite en famille.
Cette maison date de 1641, et est devenu un musée en 1993. Cela vous replongera dans la vie à l’ancienne façon Heidi. Leurs outils, leurs meubles etc.. le tout patiné par les ans.
Cette maison-musée vous propose de venir découvrir la vie d’autrefois des Saints-Vérannais qui ont dû s’adapter au climat d’altitude, rude en hiver.
Nous passons devant l'étonnante église, qui abrite de très anciens chapiteaux, et un formidable retable baroque...
L'église initiale a été détruite durant les guerres de religion (XVIe siècle), particulièrement violentes dans cette partie des Alpes, où les communautés protestantes étaient importantes. L'église actuelle date du XVIIe siècle, elle a été construite au XVIIe siècle, par un architecte protestant.... d'où sa forme qui fait penser à un temple sans abside ni clocher. Avec son toit de lauze cette église est relativement austère. Elle mesure environ 30 mètres sur 20.
Les lions ou le dragon ? De nombreuses pierres de l'ancienne église ont été réutilisées soit sous forme de ré-eplois simples dans la construction... soit comme pierres d'ornementation, ou symboliques, comme ces lions 'stylophores', qui supportent les colonnes de pierre du porche d'entrée.
Certains y voient la représentation du Coulobre, une créature fantastique, dragon, qui hantait la Fontaine de Vaucluse. Selon la légende, saint Véran, évêque de Cavaillon, en aurait miraculeusement débarrassé la Sorgue. Le monstre serait venu mourrir à Saint Véran.
La rue la plus intéressante est celle du haut du village, où se trouve la plupart des vieilles bâtisses typiques.
Il est intéressant d'en faire le tour. Au détour de la rue, on tombe en admiration devant les montagnes, les maisons anciennes, construite en pierre au rez-de-chaussée et en mélèze à l’étage.
Au fil de la promenade, l'on découvre également de charmantes fontaines en bois, des chapelles, des cadrans solaires, des calvaires, des fours banaux ainsi qu'une ancienne pompe à incendie.
Fontaine en bois
Découvrir le patrimoine local, des Hautes Alpes, est vraiment intéressant. Un village authentique, au charme d’atan, avec aussi un nombre impressionnant de cadrans solaires.
Toujours à observer dans le village de Saint Véran, mais cette fois de manière beaucoup plus visible que les cadrans solaires, il s’agit des croix de mission.
Ce sont des croix chrétiennes “classiques” auxquelles ont été rajoutées les éléments symbolique de la fin de vie du Christ (un marteau et des clous, une couronne d’épines, un fouet, et beaucoup d’autres objets...). Chaque élément correspond à un événement bien précis. Je n’en avais jamais vues de pareilles, elles sont vraiment étonnantes.
Depuis peu, il y a un observatoire astronomique, plus haut dans la montagne que je rêve de découvrir un jour. À quasiment 3 000 mètres d’altitude, l’observatoire accueille les passionnés d’astronomie !
Avec le programme des Nuits de l'observatoire, on peut passer une nuit féérique au plus près du ciel des Hautes-Alpes, si pur et étoilé ! Avis aux amateurs, petits ou grands ! 🙂
Saint Véran au temps du Moyen Age :
Les constructions de Saint-Véran résultent de l'adaptation, dès le Moyen Âge, à la vie en haute altitude et sont un modèle unique en Europe. Le rez-de-chaussée est construit en murs de pierres très épais (50 à 70 cm). La partie supérieure appelée "fuste" est faite de troncs d'arbres empilés et croisés aux angles, ce qui laisse passer l’air dans les étages pour sécher le foin, et dans les balcons pour aérer la récolte de foin et de seigle.
Elle servait autrefois à faire sécher puis à abriter la récolte de fourrage pour nourrir les bêtes durant les longs mois d'hiver. Ce bâtiment est relié à un autre plus petit, en pierres, appelé "caset" (c'est dans cette partie de la maison, bâtie en pierres et donc relativement à l'abri des incendies que se trouvaient outre les chambres, l'atelier d'artisanat, les réserves de nourritures).
Le rez-de-chaussée abrite l'écurie, où l'hiver, à côté des bêtes, les habitans couchaient dans des lits clos. Les enfants plus âgés dormaient dans une ou deux chambres à l'étage du caset. C'est dans l'étable que s'effectuaient notamment les longues veillées d'hiver.
Dans la maison chacun était capable de faire à peu près tout : fabriquer du petit outillage agricole, du petit mobilier, d'opérer des réparations modestes.
Mais certains travaux demandaient plus de spécialisations. Ainsi il y avait des cordonniers qui fabriquaient et réparaient les chaussures ; les bourreliers qui faisaient les bâts et les colliers des animaux ; les forgerons (nombreux à Saint-Véran car il y avait beaucoup de mulets) qui fabriquaient aussi des clefs, des serrures, des clous, des fers à repasser…
Quant aux femmes, elles confectionnaient de la dentelle pour leur coiffe aux temps anciens. Elles filaient au rouet ou à la quenouille la laine et le chanvre pour la fabrication des draps et toiles, elles peignaient et cardaient la laine. Tous ces travaux étaient pratiqués pendant l'hiver.
Au printemps, il fallait avoir terminé la remise en état ou la fabrication du matériel nécessaire aux travaux des champs. L'agriculture et l'élevage constituaient autrefois les principales ressources du pays. En effet, dans chaque maison, on trouvait une basse-cour et un cochon, un mulet ou un cheval, des vaches, chèvres et brebis.
En été, Saint-Véran accueille de nombreux randonneurs, installés ici pour plusieurs jours, ou seulement de passage lors de leur tour du Queyras. La région foisonne de randonnées pour tous les goûts et tous les niveaux.
En hiver, il est possible de goûter aux joies des sports de glisse ! Pas moins de 36 kilomètres de pistes sur le domaine Molines-Saint-Véran ! On apprécie cette station familiale pour son ensoleillement : les pistes sont orientées plein sud ! La douceur des pentes d’alpage est idéale pour la pratique du ski de fond. Et pour les plus aventuriers, les possibilités de sorties en ski de randonnée sont multiples !
L’histoire de Saint-Véran :
Elle commence dès l’Âge de Bronze, 2 000 ans avant Jésus Christ ! Ses mines de cuivre, dont il reste aujourd’hui les vestiges, sont exploitées dès cette époque. Saint-Véran se forge par la suite une solide tradition d’agriculture, ce qui est remarquable pour un village si haut perché. L’élevage fait également partie intégrante de son histoire. Les premiers bergers sont probablement arrivés sur ces terres en transhumance depuis la Provence si proche.
L’histoire du village fait état de plusieurs incendies ravageurs, ne laissant aucune chance à ces habitats faits de mélèzes. Il a été reconstruit en divers “quartiers” afin d’éviter la propagation du feu.
Mine de cuivre de St Véran
Depuis le début du XXème siècle, Saint-Véran se développe dans le tourisme d’été et d’hiver, avec alpinistes et skieurs. Aujourd'hui, la commune compte 290 Saint Véranais et Saint Véranaises, et vit principalement du tourisme.
Autres villages :
N’hésitez pas à vous rendre dans les villages alentours pour découvrir d’autres musées traditionnels comme celui des costumes à Abriès, la ferme des Espars, le musée des Abeilles à Molines-en-Queyras.
Musée des Abeilles
Le village de Molines-en-Queyras :
Eglise et village de Molline en Queyras
Comme vous pouvez le constater, j’ai toujours eu un coup de coeur pour St Véran, lieu magique des Hautes Alpes. Été comme hiver, les activités de nature ne manquent pas dans le Queyras.
Vous voyez il y a toujours de quoi faire en montagne même, si on ne veut pas faire que de la randonnée… Sachez que vous devrez laisser votre voiture, ou camping car, en bas du village, puisqu’il est interdit à la circulation pendant les vacances. Une somme modique vous sera demandé pour le parking.
J’espère que cet article vous aura aidé à préparer votre future visite de Saint Véran et des environs. Si c’est le cas, n’hésitez pas à me laisser un commentaire, c’est la meilleure façon de m’encourager à continuer d’écrire des articles. Bon dimanche @ toutes et à tous ! 😉
Prochain article : Abriès et ses personnages décorés