En plein coeur du pays d'Arles, une imposante construction nous intrigue. Nous arrêtons la voiture sur le petit parking et traversons la nationale pour voir de plus près cet imposant bâtiment. Un panneau nous informe que nous sommes devant l'abbaye St Pierre de Montmajour. Nous décidons de la visiter et pénétrons dans l'enceinte de ce monastère, fondé en 948 par les moines bénédictins.
Cet article participe au rendez-vous mensuel #EnFranceAussi organisé par Sylvie du blog « Le coin des voyageurs ». Le thème choisi pour ce mois de juin par Pierre du blog «Mon Grand-Est» est «La France d’antan».
En explorant cette abbaye, nous avons été en admiration devant ce chef d’œuvre d’art médiéval. Un bel endroit que je vous laisse juger à travers les photos que j'ai prises.
Construite sur un éperon rocheux, ombragée de pins et entourée de marais, l'abbaye légendaire a plus de 1000 ans. Située aux portes d’Arles et de la Camargue, elle est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco. Nous pouvons l'apercevoir, à des kilomètres à la ronde, perchée majestueusement, sur la colline «Mont Majour».
La légende de Montmajour débute en l’an 46, avec l’arrivée de Saint Trophime, qui évangélisa Arles et sa région. Le saint se réfugiait dans une grotte du Mont Majour pour prier.
En 948 une femme de la noblesse de Bourgogne, dame Teucina, acheta l’île de Montmajour qui appartenait à l'archevêque d'Arles Manassès et en fit donation aux moines qui y vivaient. C’est ainsi que fut fondée l’abbaye.
Ruines des bâtiments conventuels médiévaux.
Le site ayant été occupé sur une longue période, on y trouve trois styles architecturaux : le roman provençal, le gothique et le classique.
L'abbaye de Montmajour se compose d'un ensemble de bâtiments et de lieux remarquables :
- l'église abbatiale (XII° s.) surmonte la crypte avec une nef unique voûtée en berceau, d'une hauteur de seize mètres.
Dénudée, aujourd'hui, on est loin de l'abondance et de la richesse de son mobilier au XVIII° siècle.
- la crypte, héritée de l'Antiquité romaine, (XIIe s.), est caractéristique du style roman provençal.
L'accès de la crypte à l'église haute.
Autel central, vue de la fenêtre est du déambulatoire.
Partie basse de l'église abbatiale, elle est creusée dans le rocher et est construite en pierres de taille.
Les murs sont massifs et les arcs en plein cintre imposants. Les sept chapelles de la crypte étaient destinées à la célébration des messes et aux offices funéraires.
Le déambulatoire.
L'une des 5 chapelles ou absidioles rayonnantes de la rotonde.
- la salle du Trésor et la Sacristie (XV° siècle).
Le lavabo de la sacristie.
- la salle Capitulaire : bâtiment rectangulaire qui communique avec l'église et avec le cloître.
- le Réfectoire : avec sa magnifique porte romane, remaniée au XIIIe s., surmontée d'une tête grotesque, flanquée de deux bas-reliefs romans.
Porte romane du réfectoire.
Le réfectoire communiquait autrefois avec le dortoir au dessus de lui. Il ne subsiste aujourd'hui que les reste d'un escalier à vis ainsi qu'un petit pan de mur.
- le cloître : de par son architecture et ses décors, s’apparente aux abbayes cisterciennes.
La tour,vue du cloître.
Les chapiteaux sont taillés 2 par 2 dans un même bloc de pierre (XIVe s.)
Puits centrale et baie à 4 arcatures et colonnes géminées.
Quatre galeries percées d'arcades supportées par des colonnes et des chapiteaux s'ouvrent sur la cour centrale.
En face la niche funéraire de l'abbé Hugolen et à droite celle des comtes de Provence (XIIe s.)
Elément funéraire : pierre tombale de Dom Victor Capucy, infirmier de l'abbaye (XVIIe s.)
Magnifique pilier du début du XIIIe s. orné de 2 statues en demi-relief.
Les chapiteaux sculptés, placés côté cour et côté mur, évoquent tout à la fois des sujets profanes, sacrés, réels et fantastiques.
De nombreuses sculptures représentent des animaux.
La Tarasque sur une console.
Têtes de monstres, peu avenantes, avalant des humains.
Armoiries du Cardinal Pierre de Foix, Archévêque d'Arles et abbé de Montmajour au XVe s.
La galerie ouest surplombée par les vestiges du monastère de Saint Maur.
- le monastère Saint-Maur plus récent, fut édifié par la communauté réformée des religieux de Saint-Maur, (50 moines), qui prirent possession de l'abbaye en 1639 selon la volonté du roi Louis XIII.
Le grand arceau reliant le monastère Saint Maur à la partie médiévale.
- la Tour de Pons de l'Orme, donjon d’une hauteur de 26 m, fut édifiée vers 1373 sur l'ancien cimetière médiéval.
Dominant le monastère, elle permit de protéger la communauté, à l'époque pendant laquelle la Provence était ravagée par les grandes Compagnies puis par les troupes de Du Guesclin. Un escalier à vis dessert les différents niveaux.
La terrasse est défendue par des créneaux à mâchicoulis.
Puits citerne, creusé dans le roc et se trouvant au rez de chaussée.
- Le cimetière rupestre : La création d'un cimetière, à l'emplacement d'une ancienne nécropole romaine, est à l'origine de l'abbaye.
Les moines ensevelissaient les morts, célébraient des messes et recevaient des legs en échange.
Le cimetière, creusé à même le roc est encore visible depuis le chevet de l'abbatiale jusqu'à la chapelle Sainte-Croix.
- la chapelle reliquaire Sainte-Croix (XII° siècle) construite hors de la clôture monastique. Elle est édifiée dans le style roman provençal et se dresse au coeur du cimetière rupestre. Un fragment de la vraie croix serait à l'origine de la relique possédée par les moines de Montmajour.
La chapelle reliquaire de Sainte Croix, au fond, vue de l'abbaye.
Chapelle Sainte Croix
Au 1er plan le cimetière rupestre avec à droite le mur d'enceinte et la chapelle St Pierre.
Après la révolution, les lieux sont abandonnés, ce qui provoqua la ruine d’un bon nombre de ces bâtiments majestueux. Ils sont, pour la plupart, fort dégradés ou partiellement détruits et ont été rachetés par la ville d’Arles en 1838.
L'abbaye est classée Monument historique à partir de 1840 et les bâtiments restaurés sous le Second Empire. Depuis 1945, l’abbaye est propriété de l'état.
La sobriété de ce joyau architectural invite au silence et à un voyage dans le temps. Nous avons apprécié la sérénité du cadre, avec en point d'orgue le cimetière comportant des tombes creusées à même le rocher, ainsi que la vue extraordinaire sur Arles et les Alpilles.
Vue sur les Alpilles et la Camargue.
Sans oublier la jolie vue sur la chapelle...
Merci du partage et bonne fin de journée.
Bisous