Fontaine de Vaucluse, avec sa source mystérieuse qui naît au fond de la vallée, est un lieu étonnant, et plein de légendes.
Elle se situe au pied des monts du Vaucluse, entre Saumane-de-Vaucluse, et Lagnes, tout près de L'Isle-sur-la Sorgue...
Ce lieu spectaculaire est presque un lieu de pèlerinage, pour quiconque gravi le sentier, qui mène au gouffre, et a attiré depuis l'antiquité, jusqu'à nos jours, de nombreux voyageurs.
En ce début mai, les premières nuances du printemps se mariaient à la perfection avec les reflets couleur émeraude de l'eau, qui bordaient le sentier.
Ce lundi 3 mai, la source de la Sorgue, est montée de 18m, en 4 jours, alors qu’elle était à un niveau très bas, il y a encore une semaine ! Elle est aujourd'hui à +22,55m, et monte encore, son débit, est de 34.500 litres par seconde, très impressionnant à voir !
La hauteur des falaises de calcaire, qui surplombent le site, peut atteindre 240 m, offrant un cadre impressionnant. Quand on se dirige vers la source de Fontaine, nos regards sont attirés par ces hauts rochers, percés de grottes, aux formes étranges, et ces énormes blocs de pierres, au milieu de l'eau.
Considérée comme une des plus importantes sources d'Europe, et parmi les plus importantes au monde, la Sorgue se divise en plusieurs bras dans la plaine et s'écoule, ensuite, en direction de Saumane et de l'Isle-sur-la-Sorgue. Sa résurgence est une caverne profonde, mystérieuse, aux teintes de bruns et d'ocres.
Le gouffre est un siphon qui descend loin, très loin dans les entrailles de la Terre. Il a été exploré pour la première fois en 1878, par un scaphandrier marseillais, Mr Ottonello, qui atteint –23m de profondeur dans son scaphandre lourd.
Photo du gouffre, sous les eaux, prise le 3 mai 2021.
L'équipe du commandant Cousteau aussi se mesurera au gouffre en 1946 : première plongée en scaphandre autonome, il atteint –46m de profondeur.
En cette période de printemps, la cavité du gouffre est sous les eaux.
L'exploration la plus profonde à ce jour est celle de 1985 : –308 m de profondeur grâce à un sous-marin téléguidé. Ainsi, on ignore ce qu'il y a au delà de cette profondeur, peut-être que la cavité descend encore plus loin... Dans le tréfonds de la caverne, l'été on peut voir une eau stagnante, ou souvent même pas du tout, en période de sécheresse.
Ruines du château en haut du rocher.
Dans cet endroit escarpé, aux falaises escarpées, en surplomb, un vieux château en ruines, fut autrefois le maître des lieux.
Dans ce lieu où la fraicheur est au rendez-vous, nous sommes fascinés par ce spectacle de l'eau. Tous nos sens sont en éveil, devant cette véritable harmonie de couleurs, de sons et d'odeurs.
Avec La couleur ocre des falaises calcaires, le vert des arbres et des algues, le bleu émeraude de l'eau, et le blanc de l'écume, le paysage qui nous est offert ressemble fortement à celui d'une carte postale.
Les longues algues, agitées d'une perpétuelle ondoyance, s'animent, sous l'action des courants, dans une eau transparente et limpide, composent un tableau fabuleux. Les joyeux canards y naviguent avec beaucoup de nonchalance.
Les eaux qui surgissent depuis la source, nous offre, ce jour-là, un véritable spectacle fascinant : fracas, écumes, remous, vagues, ondoiements, dans un bruit assourdissant !
La Sorgue semble déchaînée, comme régie par quelques puissances divines... Impressionnant à voir ! Les falaises grandioses, permettent d'admirer l'érosion produite par les eaux virevoltantes, au plus fort de la crue, comme en ce début de mois de mai.
Le mystère de cette eau, qui surgit des entrailles de la terre, a inspiré de nombreux romantiques et poètes, comme : Frédéric Mistral, Pétraque, Chateaubriand, et notamment, René Char, dont l'oeuvre est imprégnée de ces lieux, où il a vu le jour...
Dans ses poèmes, René Char évoque, le cours aventureux de la Sorgue, qui éveille en lui de nombreuses émotions. Il personnifie la rivière, il lui parle, c'est pour lui une source d'inspiration et un symbole de vie jaillissante... C'est pour lui un lieu exceptionnel à bien des égards.
Les premiers vers de son poème : La Sorgue
" Rivière trop tôt partie, d'une traite, sans compagnon,
Donne aux enfants de mon pays le visage de ta passion.
Rivière où l'éclair finit et où commence ma maison,
Qui roule aux marches d'oubli la rocaille de ma raison...
Rivière, en toi terre est frisson, soleil anxiété.
Que chaque pauvre dans sa nuit fasse son pain de ta moisson. "
Pétrarque : Marqué par le village, l'éternel amoureux de Laure, le marquera à son tour : « La très illustre source de la Sorgue, fameuse par elle-même, depuis longtemps, est devenue plus célèbre encore par mon long séjour, et mes chants. »
« Ici, j'ai fait ma Rome, mon Athènes, ma patrie. » Le poète humaniste, italien, vient régulièrement à Fontaine de Vaucluse, à partir de 1339, et tombe amoureux de ce lieu enchanté, où il peut composer en paix ses poèmes.
Berceau de sa poésie, Fontaine de Vaucluse habite l'oeuvre de Pétrarque, et ne l'oubliera pas quand il quitta Fontaine de Vaucluse pour l'Italie.
Sa maison, brûlée par des pilleurs, sera reconstruite et transformée en musée, petit lieu charmant sur le bord de la Sorgue.
Maison de Pétrarque.