Troyes, ville d’art et d’histoire, cité médiévale prospère, est célèbre pour ses hautes maisons à pans de bois, ses vitraux, mais aussi pour son passé industriel et textile, ses magasins d’usine … sans oublier le divin nectar de la région. Autant de raisons d’y passer un court séjour.
Préfecture du département de l’Aube, c'est est une petite ville champenoise bordée par la Seine et adjacente au Parc Naturel Régional de la Forêt d’Orient. Elle se situe à 1h30 de Paris, en TGV, et seulement 1h20 en voiture de Reims.
Cela faisait un petit moment que nous voulions y aller, car à chaque fois que nous partions en vacances, pour descendre dans le sud de la France, on ne faisait que la traverser par l'autoroute. Prêts pour la visite, partons à la découverte de la jolie ville de Troyes.
Le vieux Troyes :
Visiter Troyes, c’est remonter le temps. Fouler les pavés d’étroites ruelles comme au Moyen-Âge, flâner le nez en l’air à l’affût des détails insolites, d’incroyables maisons à pans de bois, presque toujours de guingois.
En observant le plan du centre historique de Troyes, on est frappé par sa forme de bouchon de Champagne ! C’est d’ailleurs le surnom qu’on lui donne. Coïncidence ou choix délibéré ?
En réalité, il s’agit d’un héritage du passé. C’est au 12e siècle que l’enceinte fortifiée qui ceinture la ville prend cette forme, modelée entre autres par le cours de la Seine. Heureusement, la destruction des remparts à la Révolution ne modifiera pas la physionomie du vieux Troyes.
Appartenant à l’un des vignobles les plus prestigieux au monde, celui de Champagne, c'est une ville à taille humaine. Elle est donc très plaisante à découvrir à pieds, avec ses petites ruelles, ses cours cachées, ses coursives en bois, ses détails sculptés, ses jolis clochés, ses belles façades colorées… cette ville mérite vraiment le détour et pour une toute autre raison que ses célèbres magasins d’usines.
Maisons en pans de bois :
Dès le Moyen Age, Troyes jouit d’une belle notoriété grâce aux foires de Champagne qui attirent commerçants et artisans. La ville est densément peuplée et la majorité des habitations sont construites en bois (provenant des forêts alentours). Mais le bois craint le feu et les incendies sont monnaie courante.
En 1524, un incendie ravageur (d’origine criminelle) détruit un quart de la cité, réduisant en cendres quelque 1 500 habitations et jetant à la rue 7 500 personnes environ ! Il fallut reconstruire rapidement. Les plus fortunés adoptent alors la pierre pour bâtir de magnifiques hôtels particuliers. La plupart reconstruisent à l’identique. En découle, une grande homogénéité architecturale qui a persisté au fil des siècles.
Au XXe siècle, à la fin de la seconde guerre mondiale, la misère met à mal ce patrimoine. Vétustes et peu confortables, les maisons à pans de bois sont délaissées par leurs propriétaires qui n’ont pas les moyens de les rénover. De plus, la municipalité construit des immeubles modernes en périphérie. Le centre-ville se vide et se dégrade. Des quartiers entiers disparaissent.
Heureusement, au début des années 1960, la loi Malraux encourage la restauration et met un terme aux démolitions intempestives. La municipalité rachète plusieurs maisons ou octroie des subventions aux propriétaires souhaitant restaurer leur bien. A partir de 1995, le mouvement s’accélère. Les connaissances historiques et techniques ayant évolué, les restaurations sont plus respectueuses des savoir-faire du Moyen Age et de la Renaissance. La réhabilitation de plusieurs monuments et bâtiments à colombages ou en pans de bois témoigne de son passé.
Ces maisons à pan de bois, et à colombages, datant du XVIème siècle, donnent un charme fou à cette ville ! Toutes différentes, colorées, tordues, arrogantes, fières, rafistolées… toutes témoignent du riche passé de la cité et du savoir-faire de ses artisans. N’oubliez pas de lever les yeux pour découvrir ces magnifiques façades, bien conservées.
Rue Linard Gonthier :
Le nom d’un maître verrier troyen est associé à cette rue médiévale pittoresque. On remarque d’emblée la tourelle de l’hôtel du Petit Louvre, reconstruite en 1989 lors de la réhabilitation du bâtiment.
Elle repose sur les derniers vestiges du premier rempart de Troyes. À l’autre bout de la rue, deux hôtels de charme ont investi des bâtiments magnifiquement restaurés, datant du XVe et XVIe siècles.
La Ruelle des Chats :
Ne loupez pas cette minuscule ruelle … très, très étroite ! C'est sûrement des plus emblématiques rues de la ville de Troyes. Elle doit son nom au fait que les maisons, si proches que leurs toits se touchent presque, permet aux chats de passer d’un grenier à l’autre sans passer par la rue. Comme d’autres rues de la vieille ville, elle a conservé sa rigole centrale qui servait au Moyen-Âge à évacuer les eaux usées et les détritus.
Les rues étaient à l'époque toutes pavées et les trottoirs n’existaient pas encore. Comme les rues étaient construites en forme de V, la chaussée remontait vers les façades, ce qui permettait l’évacuation des eaux usées dans une rigole au centre des rues. Une balade en ville n’était donc pas une partie de plaisir ! Pour l’anecdote, c’est de là que vient l’expression « tenir le haut du pavé ». En effet, les riches bourgeois marchaient « en haut du pavé » afin de ne pas se salir en s’approchant trop de la rigole centrale.
La maison du Boulanger :
Autre rue incontournable, la rue de la Trinité, ainsi que la rue Champeaux qui a aussi beaucoup de charme. Sa petite tourelle est charmante. Ancienne boulangerie datant de l’époque de la Renaissance, ce fut le premier bâtiment en pans de bois à se faire rénover à Troyes en 1963, après de longues négociations auprès de la ville qui voulait pourtant la démolir.
À noter que la poulie et le rouage qui servait au boulanger de l’époque à monter les sacs de blés au grenier ont été conservés. Comme un symbole, ce lieu représente aujourd’hui le Centre Culturel de Troyes. Son architecture unique et extrêmement bien conservée en fait un lieu incontournable pour les visiteurs et les habitants.
Les quais de Troyes :
L’eau fait partie du patrimoine troyen au même titre que les maisons à pans de bois. C’était un élément vital, que ce soit pour les habitants ou pour protéger la ville des incendies. Bordée par des cours d’eau sur trois côtés à l’époque gallo-romaine, Troyes sera transformée en « petite Venise ». En 1808, Napoléon 1er engage des travaux pour relier la Seine au canal de Bourgogne mais ce projet n’arrivera pas à son terme. Avec l’arrivée de l’eau courante, la plupart des canaux et des rus sont comblés au XXe siècle. Depuis les années 2000, de nombreux aménagements ont redonné vie à ce quartier des quais devenu plutôt mal famé.
Bon à savoir : Il fut un temps où les péniches, venant de Paris, remontaient jusqu’au cœur de la ville et chargeaient les marchandises vendues sous la halle au blé, ou les produits de bonneterie, destinés aux grands magasins parisiens.
Les églises de Troyes :
La ville de Troyes comporte une bonne dizaine d’églises dont on voit les clochés un peu partout dans la ville et il est bien sur possible de les visiter.
Durant cette journée, nous avons visiter la cathédrale Saint-Pierre Saint-Paul, absolument magnifique ! Edifice singulier de par son architecture, puisqu’elle ne détient qu’une seule tour, faute de financement à l’époque.
De l’extérieur mais aussi de l’intérieur, elle est impressionnante !
Les vitraux et les sculptures sont magnifiques, réalisés avec beaucoup de minutie. C’est très fin et délicat.
Nous avons aussi découvert l’église Ste Madeleine, qui est moins impressionnante que la cathédrale, mais tout aussi charmante ! Elle aurait été édifiée il y a neuf siècles. Elle est notamment connu pour son jubé, l’un des rares en France à avoir été conservé. De la vraie dentelle !
La capitale européenne du vitrail :
Avec plus de 9000 m2 de vitraux répartis sur l’ensemble du territoir de l’Aube, ce département revendique légitimement son statut de « Capitale Européenne du Vitrail ».
Des vitraux que l’on peut bien sûr admirer sur l’ensemble des églises de Troyes, dont environ 1500 m2 rien que dans la Cathédrale Saint-Pierre Saint Paul ! Il est d’ailleurs possible d’admirer les vitraux qui ont traversés les siècles à la Cité du Vitrail, musée situé en plein centre-ville.
Spécialités :
Comme son nom l’indique, la prunelle de Troyes est une spécialité locale à base de prune. Elle est fabriquée au Cellier Saint-Pierre, juste en face de la cathédrale de Troyes.
Troyes est le berceau de la bonneterie, c’est même ici qu’est née la marque Petit Bateau. Cette industrie a permis le rayonnant de la ville de Troyes, au niveau national, et a aussi joué un rôle économique et social.
Musée de Vauluisant - Musée de la Bonneterie
Pour conclure :
Féru d’histoire et de patrimoine, cette balade à pieds, nous aura permis de découvrir une ville au patrimoine fabuleux, et authentique, dont l’héritage du passé donne encore beaucoup à voir. Malheureusement, début août 2020, Troyes sort à peine de sa léthargie, post-confinement. Les rues et les terrasses sont étrangement vides et de nombreux musées sont encore fermés. Dommage. Il nous faudra donc revenir pour compléter la visite, car nous sommes loin d’avoir exploré tous les recoins du bouchon de champagne ! 😉
Bonne journée à toutes et à tous ! Merci pour vos commentaires que je lis toujours avec beaucoup de plaisir !
J'adore toutes ses maisons à colombages...
Je ne connais absolument pas cette ville et c'est bien dommage car j'aurais pris du plaisir à y flâner.
Bonne journée.
Bisosu