Avec ses 180 m de hauteur, ses 300 m de long et ses 43 m de large à la base, le barrage de Tignes (en Savoie), a longtemps été le plus haut barrage hydroélectrique d’Europe, et demeure encore aujourd’hui le plus haut de France.
S’il fait maintenant partie du paysage, avec son magnifique lac artificiel de 235 millions de mètres cubes d’eau, il n’en reste pas moins un symbole douloureux, pour les Tignards.

Ils avaient élu domicile dans l’ancien village de Tignes, englouti par l'Isère, lors de la mise en eau du barrage en 1952.
Vue sur le barrage de Tignes depuis la route du col de l'Iseran.
Le village a disparu, en 1952, englouti sous le lac de retenue d'un barrage EDF. Ce barrage, après sa construction, en fermant ses vannes, avait submergé le village. Les anciens ne s’en sont jamais remis.

A l’époque, arrivée des hauteurs, l'Isère serpentait dans ce creux avant de quitter le vallon par un étroit goulet, qu'EDF a fermé. Le tourisme commençait à peine.
Le village comptait, à l’époque, quelques hôtels, la boulangerie faisait pension de famille. On montait, l’été, en altitude pour garder les moutons. Les hauts alpages étaient loués à des bergers, le temps des transhumances.
Au départ, ce devait être une toute petite retenue, qui aurait noyé que les arpents ingrats. Les paysans trouvaient bizarre qu'on leur achète, très chers, des terrains bons à rien. Certains ont trouvé, par contre, l'affaire louche.
Les villageois pensent qu’en résistant cela suffira à ce que le barrage ne se construise pas. Rien n’y fait les travaux débutent en 1947, car il fallait produire 5% de l'énergie du pays.
Vue sur Tignes du col de l'Iseran
Il faudra loger 5000 ouvriers, dans un village qui ne compte qu’à peine 500 habitants. On y avait embauché des Espagnols, des Italiens, des Balkans, qui n'avaient pas de famille, et allaient de chantier en chantier.
Bientôt Tignes prend de l’ampleur, on ouvre des cafés partout, des dancings, d’immenses cantines, on crée des cités provisoires, pour loger les ouvriers. Le travail sur ce chantier était très dur, en cinq ans, une cinquantaine de personnes trouvent la mort sur le barrage.
Le mur s'élève régulièrement, mais le village ne veut pas croire à son achèvement. Les villageois essayent de résister, en vain ! Jusqu'au dernier jour, ils s'opposeront à ce que l’on engloutisse leur village.
EDF aura le dernier mot, en 1952, les vannes sont fermées, pour mettre la pression sur les derniers habitants. Ils durent abandonner leur village, la plupart d'entre eux ont fini par être expulsés de force, par les autorités française, car ils refusaient de quitter le village de leur enfance.
Que peuvent faire 473 Tignards contre l'Etat ? Résignés, ils procèdent à l'évacuation de leur église et assistent à la dernière messe, célébrée le Dimanche 13 avril 1952, jour de Pâques.
Les pâturages au dessus de Tignes
A peine 20% d'entre eux ont accepté de vendre. Les autres sont expropriés. Les derniers jours marquent très durement les mémoires.
Depuis, le lac artificiel de 235 millions de m3 recouvre toute la vallée et donc l'ancien village.
Tous les dix ans EDF, en vérifiant les installations de l’ouvrage, procède à une vidange du lac, qui réveille colère et tristesse dans le pays.
Le niveau en baissant fait ressurgir le passé, lorsque les anciens retrouvent les restes de leur village, englouti en 1952. Ce jour-là, ils descendront, en pèlerinage, le dimanche, sur les ruines de leur village.
Ils prieront, pleureront et rappelleront aux plus jeunes le drame d'un village, trop bien niché dans sa vallée, à l’abri du vent.

Jusqu’en l’an 2000, le barrage était vidé tous les 10 ans, pour contrôler la bonne santé de l’infrastructure. Depuis lors, ce sont des robots qui permettent cette vérification, et la vidange est un événement rare.
Vestiges du village de Tignes lors de la vidange.
Lorsque le niveau du lac est au plus bas, des vestiges ruinés de l’ancien village de Tignes, sont bien visibles. On peut encore voir les vestiges du téléphérique, qui reliait la carrière au barrage, pour acheminer les matériaux, pendant la durée des travaux.

Aujourd’hui, le barrage est devenu la véritable porte d’entrée de la station, reconstruite, à 2 100 m d’altitude, par une poignée de familles visionnaires, restées sur place après la disparition de « l’ancien Tignes ».
On peut voir encore le portrait d’Hercule, le Géant de Tignes, fresque gigantesque (18 000 m²), et éphémère, vouée à disparaître, avec le temps.
Soixante-cinq ans après la noyade, la station de sports d'hiver et Tignes, compte aujourd'hui 2 500 habitants et voit chaque année défiler 250 000 touristes.

Cherchant un endroit pour bivouaquer pour la nuit, nous monterons en direction du lac du Saut, à 2280 m d'altitude.

La route étroite et vertigineuse, nous permet d'admirer des vues imprenables dans la montée sur le barrage du Chevril, et tous les sommets de la Vanoise.

Les paysages sont somptueux. Nous passerons la nuit au parking du Saut.

Parking du Saut
Ce lac, situé entre le barrage du Chevril et celui de la Sassière, appartient à l'un des plus importants ensembles hydroélectriques français.
Les alpages au dessus du lac du Saut.
Nous poursuivons, le lendemain, notre route vers le col de l'Iseran. Pour revoir des photos d'un précédent article :
Après être passés à Val d'Isère, nous poursuivons notre route vers le col de l'Iseran, dont l'évocation du nom en impose. Nous traversons le versant le plus sauvage et pittoresque du col, au sein du Parc National de la Vanoise. Il fait partie des grands cols des Alpes, et relie Bour- Saint-Maurice (Tarentaise) à Bonneval-sur-Arc (Maurienne).
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.. ainsi que le charmant village de Bonneval sur Arc :
Je vous emmène donc aujourd'hui, en Savoie, plus précisément à Bonneval-sur-Arc. Ce village, du bout du monde, est situé dans la Vallée de la Maurienne, au pied du Col de l'Iseran, qui permet de rejoindre la vallée de la Tarentaise.
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Barrage_de_la_Grande-Dixence