Haut perché sur le flanc de la montagne de Lure (à 1200 mètres d’altitude), l’église de Notre-Dame-de-Lure, mystérieuse et majestueuse, s'offre aux visiteurs, sans artifice. Elle se tient dans un vallon secret, à l’ombre d’arbres remarquables !

L’ermite vit de l’air du temps et accepte les dons pour s’alimenter, pour la nourriture des oiseaux du ciel, et des plantes pour son jardin. En hiver, la petite route, assez pentue, qui le relie à la Départementale, est souvent enneigée, et donc impraticable en voiture. Alors, il s’organise comme il peut, avec ses deux chiens et ses luges… Si vous venez l’hiver ici, ne manquez pas de lui rendre visite. N’oubliez pas de lui amener un peu de nourriture, car en hiver il est complètement coupé du monde, et sans électricité, en plus.

La légende rapporte que l'ermite saint Donat, vivant près de Peyruis, se serait retiré vers 490 dans ce lieu isolé. Il évangélisa la région et y mourut en 535, en présence de l'abbé Mary de Boscodon. C'est du moins ce qu'affirment deux inscriptions peintes à l'intérieur de l'église. A sa suite, les disciples de saint Donat y auraient fondé un monastère. Plus tard, lorsque les Sarrasins firent des incursions dans le pays entre 890 et 972, ils auraient totalement détruit cette première fondation, dont il n'est même pas certain qu'elle ait réellement existé.
Mieux attestée est la fondation d'un second monastère en cet endroit en 1166, à 1,4 km en aval de la source de Morteiron, à la confluence de 2 combes. Construite à 1236 m d'altitude, par des moines de l'abbaye de Boscodon proche d'Embrun, c'était l'abbaye la plus haute des Alpes à cette époque. La fondation se fit sous la conduite de l'abbé, Guigues de Revel ; Boscodon dépendait alors de l'abbaye de Chalais, près de Grenoble. Les chalaisiens construisirent cette abbaye dont nous voyons aujourd'hui les restes, c'est-à-dire essentiellement l'église.
Sa sobriété fut une réaction des Chalais, à l'opulence des édifices religieux d'alors. Le peu de peintures murales date du XlXème siècle. Son cloître de 20 m de côté était délimité par l'église, l'aile des moines (sacristie, salle capitulaire, salle des moines, dortoir à l'étage), l'aile des convers (réfectoire, communs, cuisine, dortoir à l'étage) et un mur où une entrée était percée.
Les activités pastorales, forestières et agricoles, jointes aux dispenses de droit de transit du bétail, de foires et de marchés, de pâturage, et de gabelle, rendaient la confrérie auto-suffisante.
Notre-Dame-de-Lure fut prospère jusqu'au XIIIème siècle. En 1317, l'effacement de l'ordre chalaisien fit qu'elle passa sous le chapitre de la cathédrale d'Avignon. Ensuite elle déclina lentement à cause des rigueurs du climat et de l'isolement. Les moines s'installèrent dans une grange de Saint-Etienne-les-Orgues.
Avant la révolution :
La vingtaine de moines migrait en hiver dans un cellier près de Saint-Étienne-les-Orgues pour fuir la solitude et la rigueur de la saison. L'abbaye devint séculière en 1481, et fut peu à peu abandonnée. Les protestants l'incendièrent en 1562, puis elle tomba dans l'oubli.
La montagne de Lure étant l'une des zones les plus orageuses du pays, les masses d'eau pluviale dévalant 500 m de dénivelé par les deux combes aboutissant au site y minèrent peu à peu les bâtiments conventuels et le cloître. La terre et les débris entraînés recouvrirent leurs ruines au fil du temps.
Au XVIIème siècle, un renouveau se fit, lorsque des pèlerinages importants furent organisés en l'honneur de la Vierge ; on rapporte même des récits de guérisons miraculeuses. Ces pélerinages furent aussi l'occasion d'effectuer plusieurs restaurations de l'édifice, en 1636, à la suite d'un miracle dont un berger aurait été témoin. Un frère resta loger sur place pour y recevoir les dévots.
A partir de la révolution :
Sous la Révolution, l'église fut saccagée et le mobilier fut brûlé. Le patrimoine de l'abbaye devint bien national en 1790. La municipalité de Saint-Étienne-les-Orgues en racheta l'essentiel l'année suivante. Des rites persistèrent en secret sous la Terreur malgré le danger dans une église saccagée et dont le mobilier, les livres et les œuvres d'art avaient été brûlés.
Les pèlerins revinrent quand le Concordat rendit les édifices religieux au culte. La Vierge en bois doré, cachée dans la forêt voisine pour la protéger des incertitudes de la période révolutionnaire, retrouva alors sa place dans sa niche d'origine.
Les pélerinages reprirent en 1801. Une cloche fut remise en place en 1817. Des pèlerins plantèrent vingt deux tilleuls en 1824. Ils sont à présent superbes et ombragent une aire de pique-nique très appréciée.
Un clocheton, dont les Pénitents de Reillanne offrirent la cloche, fut ajouté au dessus du pignon de l'entrée principale de l'église en 1879.
C'est au cours du XIXème siècle que furent exécutées les peintures murales. Les Pénitents de Reillanne organisèrent le culte. Cependant, au XXème siècle, ce fut de nouveau l'abandon.
En 1973, d'importants travaux de restauration furent à nouveau entrepris, sous la forme de stages d'été proposés aux jeunes. Une association a désormais vu le jour : l'association des Amis de Notre-Dame-de-Lure. En 1980, l'abbaye fut classée monument historique, tandis que son ermitage était converti en gîte. Aujourd'hui, l'association poursuit son patient travail d'entretien et de remise en valeur. L'attrait pour les deux pèlerinages locaux s'accroît d'année en année : à l'Assomption (initié le 15 août 1636) et le 8 septembre, fête de la Nativité de Marie.
( Sources doc.: base Mérimée des Monuments historique).
Le prochain article vous emmènera au sommet de la montagne de Lure, une belle découverte pour nous ! Bonne fin de semaine, et merci pour vos commentaires que je lis toujours avec beaucoup de plaisir !