Je vous emmène aujourd'hui non loin de la ville de Beaucaire, dans le Gard, au bord du Rhône, pour découvrir l'Abbaye troglodytique de Saint Roman, entièrement taillée dans la roche, un site unique en Europe.
Nichée au sommet de la colline de l’Aiguille, sur la rive droite du Rhône nous l'avons découverte, un peu par hasard. C'est un joyau peu connu dans notre région, qui mérite toute notre attention. Outre la beauté et la singularité des lieux, cet endroit est empreint d’un calme presque mystique.
Cet article a été rédigé dans le cadre du collectif "EnFranceAussi", réunissant des blogueurs, créé par Sylvie du Le Coin des Voyageurs, sur le thème "En voyage à côté de la maison", la boss du mois sera Aurélie, du blog https://www.travelingaddress.fr/
Pour nous rendre à l'abbaye traglodytique de Saint Roman, nous empruntons un chemin d’accès, en monté, bien aménagé, entouré de garrigue méditerranéenne, jusqu ’au sommet de la colline calcaire.
En une vingtaine de minutes, à pied, il nous amène tout en haut de l’abbaye. C'est une promenade agréable, à travers les plantes et les odeurs de la garrigue méditerranéenne. Tout le long du sentier, des panneaux explicatifs permettent de comprendre l'histoire de Saint-Roman, site resté longtemps à l'abandon.
Ce monastère creusé dans le rocher fait penser aux monastères orientaux de Capadocce, du Moyen-Orient et d’Egypte. Bien que n'ayant plus de fresques sur les murs, la similitude du style de vie des moines, est frappante. En prenant son temps, en laissant son esprit vagabonder, on peut imaginer la vie de travail et de prière qui prenait racine ici...
Les tribus de chasseurs l’occupaient déjà dès la préhistoire. Ils utilisaient les nombreuses grottes que l'on trouve dans ces massifs calcaires.
Cette abbaye abrite les vestiges d’un monastère paléochrétien creusé par des ermite, vers la fin du Vème siècle. Disciples de Saint Roman, ils s'installent sur ce rocher et deviennent de plus en plus nombreux au fil du temps. Les cavités naturelles sont exploitées, puis agrandies au VIIème et VIIIème siècle, pour devenir une abbaye bénédictine.
Des moines vont construire, directement dans le roc, des fortifications, une chapelle, des cellules, des salles communes, des citernes, des celliers, et des vestiges de la vie monastique troglodytique. Au XIVe siècle, l’abbaye est fortifiée puis un studium, collège d’adolescents, est installé par le pape d’Avignon Urbain V pour y dispenser une instruction à des jeunes gens, pauvres ou riches, doués pour les études.
Elle sera ensuite vendue à un seigneur, au XVIème, un peu avant les guerres de religions, qui construira un château sur la terrasse. Le château sera démantelé au début du XIXème, et ses pierres vendues.
Le site reste longtemps à l’abandon. La Société d’Histoire et d’Archéologie de Beaucaire entreprend des fouilles et des déblaiements à partir des années 60. La commune de Beaucaire devenue propriétaire en 1988, obtient le classement Monument Historique en 1991, ce qui permettra d’entamer des travaux de consolidation et de mise en sécurité, prélude à une future restauration.
Arrivés devant l’entrée de la chapelle, nous pouvons contempler de belles voûtes, de style roman (du 11° siècle).
Voûte romane de la chapelle.
A cette époque-là, de nombreux pèlerins arrivaient pour vénérer les reliques de St-Roman et st-Trophime. Un tombeau à reliques se situe dans la chapelle troglodytique. Selon la tradition, ce tombeau renfermait un fragment de la main de Saint Roman, ainsi qu'un fragement de pied de St Trophime.
En pénétrant dans l’abbaye troglodytique, l’attrait majeur est la découverte d’une chapelle exceptionnelle, de plus de 100 m², voûtée.
Chapelle abbatiale
On peut y voir un siège abbatial du XIIème taillé dans la pierre, avec à ces côtés deux sièges plus simples pour des gens de la communauté.
Siège abbatial au centre, du XIIe s.
Autrefois ces sièges devaient être peints et devaient être dotés d’accessoires. (lampes à huile...)
Nous pourrons y voir aussi d'autres salles aux dimensions plus ou moins imposantes, avec des tombes creusées dans le sol.
Tombes creusées dans le sol.
Des petites alcôves sur les parois adjacentes recevaient des lampes à huile pour accompagner les défunts.
Salles aux dimensions impressionnantes.
Certaines cellules étaient, au moyen-âge, transformées, citernes, celliers, en pressoir à vin ou silos à céréales.
Pressoir à vin.
L’accès aux cellules monastiques se faisait souvent par l’extérieure avec une échelle.
Cellule
Le grand avantage de vivre dans des troglodytes est de profiter de la température thermique qui règne sous terre. Cela permet de conserver une température de 14 à 16° toute l’année.
Les pilier usés par le temps (notamment le vent) sont encore debout.
Les moines et certains habitants de la région étaient enterrés dans l’importante nécropole rupestre, sur la terrasse supérieure. Nous pouvons encore voir 152 tombes taillées dans le roc. Elles accueillaient aussi bien des moines que des paysans et habitant de la région, ayant fait un don à l’abbaye.
Malheureusement de nombreuses tombes furent détruites lors de l’aménagement du rocher (plantation de grands pins), au 14ème siècle et par la création d’un jardin à la fin du 19° siècle.
Depuis la terrasse supérieure, où subsistent les ruines du château, la vue sur la Provence, la Vallée du Rhône, et au loin le Mont Ventoux, est superbe !
Ce monastère troglodytique qui conserve de remarquables vestiges de son passé, unique en Europe, ne peut qu’éveiller notre curiosité (monument historique classé).
Ce site, en pleine nature, ne fait qu’augmenter l’attrait de cette abbaye étonnante ! Je recommande fortement cette visite, si vous avez de la chance, vous y trouverez un septuagénaire passionnant ayant participé aux fouilles, il vous fera une visite guidée des plus enrichissante. Vous trouverez un complément d'informations grâce à ce lien https://abbaye-saint-romain.com/
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