A l'occasion de la fête médiévale de Venasque, ce weekend du 21 et 22 septembre, je vous emmène, aujourd'hui, à la découverte du joli village perché de Venasque, qui mérite à lui seul un petit détour !
Nous avons fait, ce jour-là, un véritable voyage dans le temps, à l'époque du Moyen-Age, au plus fort du rayonnement de cette cité ensoleillée, celui des évêques qui règnaient, d’une main de fer, sur la ville alors fortifiée.
Cette fête médiévale a replongé le village de Venasque au temps des chevaliers, et des ménestrels !
A 11 km de Carpentras, au coeur du Vaucluse, c'est un des plus anciens du Vaucluse.
Il a donné son nom à tout le territoire qui s'étend sous nos yeux : le "Comtat Venaissin", qui signifie comté de Venasque.
Au pied du Mont Ventoux, accroché à un piton rocheux, dominant vignes, garrigues et cerisiers, c'est une pittoresque petite cité, médiévale, classée parmi les "plus beaux villages de France". Protégé depuis les temps les plus anciens, Venasque a su conserver, dans son patrimoine, les témoignages de son histoire.
C'est sur la Place des Tours et sous un soleil, jouant à cache cache avec les nuages, que l'on a pu découvrir des dizaines d'animations d'époque médiévale. Le village est revenu, le temps d'un week-end, au Moyen Âge.
Le comité des fêtes n'a pas ménagé ses efforts pour satisfaire tous les participants. Les festivités de la 7ème édition, ont débuté samedi après-midi, avec un défilé dans les rues du village.
Ouverture de la journée par un grand défilé de chevaliers, soldats, gentes dames, serfs et gueux... Les animations se sont succédées avec des chants, des contes, des spectacles de jonglerie, des danses, des duels à la lance et à l'épée.
Des camps médiévaux étaient installés sur la place des Tours et les artisans dans les rues du village.
Nous avons assisté au tournoi en l'honneur de la reine : affrontement en duel de combattants à la lance puis à l'épée-bouclier, avec présentation des combattants et des techniques de combat.
Ce spectacle a ravi petits et grands.
Toute la journée : marché artisanal médiéval dans les rues du village, boissons à la Taverne, animation musicale par les musiciens du Condor, petite ferme, balades à chevaux, ateliers de poterie, manège en bois ...
Les commerçants, les Venasquais, les forains ainsi que le public, qui étaient costumés, ont contribué à la réussite de cette manifestation.
Depuis l'esplanade des murailles romaines, et tours Sarrasines, un panorama superbe, nous est offert, sur les Monts de Vaucluse, jusqu'à la barrière des Dentelles de Montmirail et du Mont Ventoux (1.912 m).
Le fait d'être seuls nous permettait de nous imprégner complètement du décor qui nous entourait, le silence était total, à peine contrarié par les mouvements de quelques oiseaux.
En contrebas, du village, on peut voir la Nesque qui irrigue et enrichit la terre de ses alluvions fertiles. Cette rivière prend sa source sur le plateau de Sault et rejoint la plaine du Comtat par d'impressionnantes gorges abruptes, habitées depuis l'homme de Néandertal.
Histoire :
Le site de Venasque est habité depuis la préhistoire, en raison de la présence de grottes dans la vallée de la Nesque. Elle fut le territoire d'une tribu gauloise dont le chef lieu était Carpentras.
A l'époque romaine, une muraille flanquée de trois tours semi-circulaires va renforcer les défenses naturelles du site et le protéger des attaques qui ne pouvaient venir que du sud-est.
Les vestiges des tours, tels qu'on les voit actuellement, sont majoritairement des constructions des XI et XXe s. Elles sont équipées d'archères : ces meurtrières, placées à hauteur d'homme, étaient utilisées pour le tir à l'arc.
Forteresse naturelle, le site est défendu de trois côtés par des parois abruptes. Pour le dernier côté, il a fallu donc ériger une protection bâtie, pour combler la lacune. Depuis l'Antiquité, on sécurise les villes en les construisant en hauteur, sur des sites escarpés, que l'on appelle des oppidums.
Sur l'extrémité occidentale, l'enceinte est fermée par un mur cyclopéen (gros blocs de moellons de pierre, non taillés, et simplement posés les uns sur les autres). Cette partie de mur, est la plus ancienne, et remonte au IIe s. avant J.C. Six tombes ont été retrouvées, regroupées, contre la tour orientale. Selon la tradition, antique, on enterrait les morts hors de la ville et à proximité de ses accès. Parmi les tombes, trois amphores ont été découvertes et auraient été remployées pour un usage funéraire, et accueillaient des enfants morts en bas âge.
De 541 jusqu'en 982, les évêques de Carpentras s'installent à Vénasque, en raison des troubles qui agitaient la région, mais également attirés par l'aura spirituelle de la cité. On attribue à Saint-Siffrein, l'un des évêques, la construction, ici, au VIe s., d'une cathédrale et d'un baptistère. Rien ne subsiste de l’église de départ.
L’édifice actuel date de la fin du XII ème siècle. Les chapelles latérales sont du XVII et XVIII ème siècles, le clocher du XVII ème.
Au moyen-âge, Venasque devient la propriété des Comtes de Toulouse, puis fut cédée aux papes jusqu'en 1791 date à laquelle elle sortira de l'autorité pontificale et sera rattachée à la France. Assiégée pendant les guerres de religion, Venasque ne fut jamais conquise. Un chapelet de chapelles, sur la commune de Venasque, de nombreux édifices religieux, viennent confirmer l'importance chrétienne de cette cité : Notre Dame de de Vie, le prieuré Saint Maurice, la chapelle Saint Siffrein...
A partir du XIXème siècle, la population ne cessera de décroitre. Le mouvement s'inversa dans les années 1960, comme dans beaucoup de villages provençaux et des nouveaux venus de France ou d'Europe vinrent s'installer et remirent en état ces maisons pour y vivre à l'année ou pour en faire des résidences secondaires.
Pour ceux qui aiment les belles architectures, Venasque possède le plus vieux bâtiment religieux de la région : un baptistère, originaire du XIe s. Classé monument historique, il mérite à lui seul un détour ! Nous retournerons le visiter pendant cette journée du Patrimoine.
Relié, autrefois, à l'église cathédrale par un couloir voûté en plein cintre, le baptistère est un très bel édifice. Admirable par son architecture et la finesse de ses sculptures, les énigmes qui l'ntourent lui confèrent une atmosphère propre à la contemplation.
Son plan est en forme de croix grecque, l'espace central s'ouvre sur quatre absides en cul de four.
De par son origine antique, le monument centré est lié aux rites funéraires. Devenu chrétien, il s'associe aux concepts de résurrection et de baptême, lesquels sont symboles de passage de la mort à la vie.
On pense que ce bâtiment pourrait être la chapelle mortuaire de l'évêque Saint Siffrein, ou bien un baptistère dont l'édification se situerait entre le VI et Xe s., époque où Venasque abrita les évêques de Carpentras. En effet, dans les premiers temps du christianisme, seuls les évêqus administraient le sacrement du baptême, par immersion totale, dans une piscine baptismale, lors de la nuit de Pâques.
Dans le sol se trouve l'emplacement très ancien de la cuve baptismale d'origine qui est octogonale. Un monument remarquable par ses jeux d'arcatures et ses chapiteaux. Les quatre branches, de dimensions inégales, sont voûtées en cul-de-four.
Les arcs-boubleaux retombent sur des colonnes, tandis qu'une arcature murale, romane, elle aussi portée par des colonnes, court le long des absides. Au sommet des colonnes, les chapiteaux sont, pour certains, des pièces antiques, pour les autres des oeuvres romanes, dont le décor est à rapprocher de l'art roman provençal du XIe s.
Le baptistère est invisible de l'extérieur car il est, inclus dans des constructions.
Nous avons marché, ensuite, le nez en l'air, pour ne rater aucun détail de ces façades en pierres dorées, de ces belles demeures.
Dans le village, le décor est déjà planté ! Fontaines classées, ruelles étroites, porches sculptés, passages couverts...
Petit passage, obligé, à la fontaine principale du village. Située au coeur du centre historique, et fut le lieu d'approvisionnement, en eau, pour des générations de Venasquais.
Ce n'est qu'en 1960 que l'eau courante arrive dans toutes les maisons du village. La fontaine est alimentée par la source du Tourounel, dont le flux fut conduit jusqu'à l'intérieur du village au XVIIe siècle.

De forme octogonale, elle est sculptée de godrons, décorée de mascarons de fonte, avec à son sommet un vase Médicis. Répondant à un souci pratique, la surverse, de la fontaine alimente le lavoir en contrebas, son propre surplus irriguant les potagers voisins.
Nous avons apprécié cette atmosphère particulière, teintée de douceur de vivre, en nous promenant dans ses agréables rues...
Les amoureux des vielles pierres seront vraiment séduits ... Comme l'ont été une dizaine d'ateliers de peintres et artistes qui ont ouvert leurs portes au village. N'hésitez pas à aller à leur rencontre, ils vous feront partager leur passion.
Peinture en trompe l'oeil, sur la façade d'une maison.
J'espère que cette fête médiévale vous a plu ! N'hésitez pas à me laisser un petit mot, cela me fait toujours plaisir ! A bientôt !