Par une belle journée d’hiver, nous nous rendons au Beaucet, voir des abris sous roches. Ce sont des sites d'habitats, installés au pied des falaises, et simplement protégés par un surplomb rocheux. Ils ont été occupés, par l'homme préhistorique, soit comme habitat permanent, ou de façon occasionnelle, comme campement saisonnier, halte de chasse, bergerie, ou atelier...
Les abris sous roches, cavernes de profondeurs restreintes, sont particulièrement fréquents dans les massifs calcaires du Luberon.
Ils ont été creusés au cours des millénaires par l’érosion du gel et du dégel, mais aussi par l'érosion chimique. On en trouve, parfois, le long de gorges, liée à l’action érosive des cours d’eau et des matériaux qu’ils transportent.
Le Beaucet est un des endroits tout indiqué pour que nos ancêtres du Néolithique abandonnent leur vie nomade, et décident de s'installer durablement dans ces grottes, de cultiver la terre et d’élever des troupeaux. Ils quittent, à un moment, les fonds de vallées pour se réfugier en hauteur, phénomène classique à la période celto-ligure. (-700 à - 200 avant J.C.).
Ces tout-premiers Beaucétains ont d'ailleurs laissé quelques traces matérielles de leur installation, traces que les archéologues du XXème siècle ont retrouvées dans les abris sous roche: des silex, des poteries, ainsi que des sépultures à incinération, datant de -6000 à -4000 ans avant notre ère.
Depuis le Néolithique, qui vit les premiers habitants s’installer dans ces abris, jusqu’à nos jours, le village du Beaucet a maintes fois changé de visage.
Village de garnison, village agricole, puis village déserté par l'exode rural, il est aujourd’hui bien vivant, fier de ses racines et de son patrimoine.
Les hommes ont su très vite tirer profit de ces excavations, de la tendresse du noble calcaire, pour aménager habitations et caves troglodytiques.
Les vestiges d'un oppidum seraient encore en place sur le plateau, du côté Nord de l'entrée du vallon de Saint-Gens. Les habitants de toutes conditions résident alors dans les espaces creusés au cœur de la roche.
Dans les falaises calcaires, cette pierre blanche, les artisans ciselaient d’élégantes et confortables demeures. En effet certaines cavités troglodytes se servent d'énormes blocs de calcaire, comme murs, et d'autres sont carrément creusées dans la roche, offrant un spectacle étonnant.
Une autre habitation troglodytique, rencontrée lors de notre randonnée au Beaucet, est encastrée entre d’énormes rochers, avec lesquels elle se confond.
L'architecture troglodytique paraît toujours un peu fantastique, avec ses escaliers taillés à même le flanc d'une colline (comme dans la photo ci-dessous) ...
...ou ses fenêtres rustiques creusées dans une paroi de grotte, au corps par ailleurs accidenté et naturel. Les maisons troglodytes viennent se nicher au creux de la roche et transforment des cavités naturelles, en habitat humain. Leurs formes peuvent être très variées.
Nous découvrons les aménagements utiles à la vie quotidienne : des citernes pour les eaux de pluie, des bories à proximité, servant de remise...
Grande borie accolée à l'habitat troglodyte.
... des cuves vinaires, qui sont les témoignages d'une certaine ingéniosité des habitants à s'adapter à ce type d'habitat. Toutes ces cuves, où l'on pressait le raisin pour en faire du vin, ont été recouvertes par une borie, ou protégées par un abri sous roche ou un mur de pierres sèches selon leur situation.
Il est remarquable que, si certaines cuves rupestres sont à proximité de lieux habités, surtout à Gordes, à Venasque ou Saint-Didier, la majorité sont particulièrement extérieures à un village ou à un hameau. Ceci évoque des vinifications plus ou moins clandestines pour échapper à des droits de souquet et autres taxes levées sur les vins
Intérieur de la cuve vinaire où l'on pressait le raisin pour en faire du vin.
Au cours de notre visite nous découvrons, outre les murs de terrasses, des cabanons de pierre sèche, un mur apié agrémenté de niches, dans lesquelles on disposait des ruches. Les abeilles pouvaient bénéficier de la régulation thermique des pierres, ce qui assurait des récoltes plus abondantes et plus étalées dans le temps.
L’eau étant rare, plusieurs aménagement étaient destinés à la retenir, notamment des citernes rupestres qui permettaient de récupérer les eaux d’infiltration du versant.
A l’intérieur de l'habitation, nous trouvons une pièce principale autour de laquelle sont creusées diverses alcôves : on peut y remarquer des petites niches ayant abrité la lampe à huile, ou la bougie qui apportait un peu de lumière. Les traces de fumée subsistent encore, fournissant la preuve de cette utilisation. Le toit étant effondré nous n'entrons pas à l'intérieur, en raison des risques d'éboulement. Nous nous contentons juste d'observer de l'extérieur.
Intérieur de l'habitation troglodyte, avec des restes de poutres.
Une vieille charrette, témoin d'une autre époque, s'en est allée doucement, au fil du temps, pour prendre un repos bien mérité au fond d'un autre abri troglodytique.
Avec ses roues décharnés et rendues inutiles, désormais, ce bel engin, qui a fait son temps, représente toute une époque bien révolue !
Une vieille porte, d’époque, “dans son jus”, contribue au charme de cette construction ancienne.
Nous constatons que cet abri troglodytique, protégé du vent, bénéficie d'une facilité de chauffage, au moindre rayon de soleil, qui permettait l'utilisation des terrasses, couvertes d'oliviers.
Si l’habitat troglodytique permettait de s’abriter et de se défendre contre les assaillants, lors des guerres de religion, il offre de nombreux autres avantages. Isotherme, sûr et sécurisant, il ne coûtait presque rien et s’agrandissait en même temps que la famille.
De belles fougères et lierres agrémentent les murs de pierre sèche, et la falaise.
Depuis les hauteurs, la vue imprenable sur le Mont Ventoux.
Le silence, les jeux d’ombres et de lumières sur la roche, les courbes façonnées dans la pierre font des maisons troglodytiques un habitat singulier, hors du temps.
Nous nous laissons emporter par ce patrimoine historique et culturel impressionnant ! Du nord au sud, le Vaucluse regorge de trésors les plus variés. A bientôt pour une nouvelle découverte.
Chez nous c'est beaucoup moins en avance, et ça vaut mieux ainsi, sauf les forsythias qui pointe leur nez depuis 2 jours !
Quant à l'Andalousie, vous faites bien de préparer vos voyages… car souvent, on rate bêtement de beaux endroits en passant à quelques kilomètres près ! Je faisais la même chose lors de tous mes voyages vers Compostelle… ce qui parfois augmentait un peu mes étapes de quelques kilomètres… une fois, elle ne devait faire que 32 bornes...en réalité, j'en ai fait 44 ce jour-là pour voir un grand Monastère… je ne l'ai pas regretté !
Bonne semaine et bonne préparation ! Au fait, avez-vous cherché des renseignements pour les prévisions météorologiques le long de votre séjour ?
Amitiés à vous deux
Gilbert