A quelques kilomètres du village du Beaucet, une petite route nous conduit jusqu'à l'Ermitage Saint Gens. Dès qu'on y arrive la vallée nous imprègne de son calme, sa sérénité, et de sa source miraculeuse. On sait tous que l'eau a beaucoup d'importance dans l'histoire de cette terre provençale.
Le site baigne dans une nature protectrice et, juste ça, mérite le petit détour ! La chapelle, dans ce décor, apporte sa «pierre» à l'ambiance mystique du lieu.
Derrière la chapelle un endroit merveilleux pour pique niquer, même l’été quand il fait très chaud. Tout est ombragé, on y trouve des tables et des bancs installés un peu partout.
L'église de l'Ermitage Saint Gens.
Chaque année, des pèlerinages se rendent sur ce chemin des oratoires, pour rejoindre l'ermitage de Saint Gens, où deux belles chapelles champêtres sont dédiées au Saint. Nous nous garons sur le parking au niveau de la chapelle et poursuivons notre route à pied en direction de la source miraculeuse.
Le départ de la source se trouve au niveau d'un oratoire de St Gens, élevé en 1877. A cet endroit là, rien ne signale la source, nulle statue, nulle plaque de marbre. Seul un bout de tuyau canalise l'eau qui s'échappe en un mince filet d'un rocher. C'est peut-être pour cela que certains préfèrent l'appeler « source ». Mais, dans tout le sud-est de la France, chacun la désigne comme la fontaine miraculeuse, de Saint-Gens, du nom du saint qui la fit jaillir de la pierre. C'était il y a près de neuf cents ans. Au retour nous visiterons la chapelle où se trouvent les reliques de Saint Gens.
Le chemin pour se rendre à la source est très raide, caillouteux et jonché d’arbustes. Pour accéder à la source il faut pouvoir marcher, et avoir de bonnes jambes car ça monte, beaucoup, et il y a des cailloux tranchants, pour redescendre c’est un peu dangereux, il faut y aller doucement car on peut glisser. A partir du chemin caillouteux, la source est à 350 mètres, déjà là vous ressentez un bien être, c’est calme, ombragé, l’endroit est dépaysant. En plus, en plein mois de janvier, nous ne sommes pas accablés par la chaleur.
Chemin pierreux montant à la source.
Sur le sentier, nous admirons une végétation qui déborde de couleurs, et d'odeurs (senteurs de thym, romarin...). Dans cet endroit superbe, nous apprécions en effet la beauté de la nature, restée intacte. Nous apercevons, sur notre montée, une demoiselle coiffée magnifique.
Demoiselle coiffée que l'on aperçoit, sur le chemin de la source de St Gens
Arrivés au pied de la source miraculeuse, au bout de 20 minutes de grimpette, nous sommes enfin récompensés de nos efforts. Discrète, secrète presque, elle coule depuis des siècles et se trouve au fond d'un étroit vallon, où chantent les cigales à la belle saison. Nichée dans une très belle combe, le lieu se prête à la méditation. À la source en tant que telle, au pied d'une petite falaise, les paysages sont encore plus pittoresques.
Arrivée à la source de St Gens.
Cette source, en principe miraculeuse, nous offre ce jour-là, en plein mois de Janvier, un beau filet d'eau. Nous réussissons à remplir quelques petites fioles, en souvenir. Si vous mettez un pendule au dessus de la source, il tournoie, c’est pour dire les énergies qu’elle possède ! Dans cet endroit paisible, on peut se reposer sur des troncs d’arbres, disposés devant la source, idéal pour faire corps avec la nature.
Ce lieu est saint, respectez le, je dirais en plus qu’il est magique, les gens viennent s’altérer après une longue randonnée, viennent prier ou déposer des statues ou chapelet. Quand ça va mal, ce lieu, hors du temps, est présent pour toutes ces personnes qui croient en cette source.
Et là que se soit en été comme en hiver, la source coule. Nous y sommes allés cet été en plein mois de juillet et de sécheresse, et ce filet d’eau coulait, oh il était plus mince, c’est vrai, mais il coulait tout de même.
La source de St Gens
Elle guérirait les malades et les affligés : guérison de l'âme et du corps. Une multitude d'ex-voto l'atteste dans le sanctuaire de l'ermitage.
Nous poursuivons notre chemin, un peu plus haut, et là se dévoile sous nos yeux un panorama splendide, sur toute la vallée.
Au retour, nous entamons la descente vertigineuse, où il vaut mieux avoir de bonnes chaussures de randonnées.
Arrivés à notre voiture, nous nous rendons, ensuite, dans la merveilleuse église de St Gens, lieu où tout n’est que calme, et où le recueillement s’impose. L’ermitage, à flanc de falaise, se trouve sur une esplanade bien abritée des vents.
A l’entrée, une fontaine aux sculptures, du 18ème siècle, semble accueillir le visiteur. Elle est décorée par un loup d’un côté, et l’autre une vache, symboles de Gens. Au centre, l’eau sort de la bouche d’un ange.
La fontaine à l'entrée de l'Ermitage Saint Gens.
A notre grande surprise, nous trouvons une petite communauté d’évangélistes brésiliens, forts sympathiques. Ils nous montrent leur ermitage et nous expliquent la légende de St Gens, jeune ermite originaire de Monteux, enseveli après sa mort, le 16 mai 1127.
Autel de prières avec la statue Saint Gens et au-dessus son tombeau.
La chapelle de St Gens, a été édifiée sur un rocher, en 1680, pour abriter le corps du Saint. Le sanctuaire de l’Ermitage de Saint Gens a été rebâti en 1884 autour des restes de la chapelle romane du XIIème siècle.
Il subsiste de celle-ci, au centre de l’édifice actuel, quatre piliers massifs qui supportent une belle coupole sur trompes, dans lesquelles sont sculptés les symboles des quatre évangélistes : un taureau, un lion, un aigle et un ange.
A l’intérieur de l’église, de nombreux fanions de prières, ou de représentation des différentes paroisses environnantes, servant lors des processions, des statues de Saint-Gens et notamment celle promenée lors des processions.
Bannière de procession de la paroisse de l'Ermitage Saint Gens.
Au fond de la nef est conservé le reliquaire classé en bois doré, datant de 1696, qui renferme les ossements vénérés de Saint Gens. Sur le piédestal de ce reliquaire, sont couchés le loup et la vache ainsi que Saint Gens, agenouillé sur un rocher. Tout autour, on peut voir de nombreux tableaux d'ex-voto.
Le saint y est représenté aujourd’hui par un gisant de cire exposé dans un tombeau vitré, avec à ses pieds un loup et des béquilles.
Depuis des siècles, en effet, les pèlerins ont accouru par milliers dans ce sanctuaire, où les bannières témoignent encore de leur reconnaissance, pour les innombrables bienfaits obtenus par les intercessions de Saint Gens. C’est l’un des protecteurs les plus populaires du Comtat de la Provence. Une chapelle rempli d'ex-voto témoignant de la ferveur populaire envers Saint Gens.
La légende :
Gens Bournareau (ou Bournarel) aurait vu le jour à Monteux, au début du XII°, peut- être en 1104. Né dans une famille de petits paysans bouviers, on lui donna ce prénom de "Gens" qui, en provençal signifie "beau". Après une jeunesse exemplaire, faite de travail et de piété, il devient berger et, tout en gardant ses troupeaux, prêche la parole de Dieu.
Il fit jaillir une source du bout de son index :
A cette époque, lors de la fête de Saint-Raphaël à Monteux, une procession se rendait à la chapelle du même nom, puis, après des prières pour obtenir la pluie, les Montiliens plongeaient sa statue dans l’eau du ruisseau tout proche. Gens s’insurge contre ces pratiques païennes et brise la statue. Il est alors chassé à coups de pierres par les habitants de Monteux. A l'âge de 14 ans, il dut s'enfuir de son village pour avoir dénoncé l'idolâtrie de ses habitants.
Belvédère de la croix, situé au dessus de la source de St Gens.
Il part sans destination précise, simplement accompagné de deux vaches. Il se dirige vers Venasque et s'arrête finalement dans le val rocheux du Beaucet, qui n'est alors qu'un désert sauvage et inculte. Il recherche la solitude, vit du travail de la terre et prie pour la conversion des Montiliens. Un jour, un loup dévore une de ses vaches. Gens apprivoise la bête et l’attelle avec sa dernière vache. C'est son premier miracle.
Pendant ce temps, à Monteux, pas une goutte d’eau. La mère de Gens part le chercher. Il refuse tout d’abord de revenir dans sa ville natale mais, après avoir prié, décide de la suivre. En chemin, sa mère lui demande à boire. La légende dit que Gens, de l’index, fit alors jaillir de l’eau et du vin du rocher situé à la limite du vallon. C'est son deuxième miracle. Après que sa mère lui ait demandé d’assécher la fontaine de vin, qui serait source de malheur alors que celle d’eau est bienfaitrice, Gens retourne à Monteux et, après une procession autour de la ville, la pluie tombe. C'est son troisième miracle.
Un Saint populaire que l'on prie pour faire tomber la pluie :
Les habitudes impies reviennent cependant très vite à Monteux, et Gens essaie en vain de faire partager sa foi. Attristé, il retourne définitivement à sa vie d'ermite dans le vallon du Beaucet. Il serait mort le 16 mai 1127, à l’âge de 23 ans, allongé dans le rocher qu’il avait creusé et dans lequel il dormait tous les soirs. Ci-dessous le lit de Saint Gens. Une inscription y est gravée sur une plaque : "sur ce rocher il se coucha". L'oratoire est légèrement incliné, car un torrent coule au pied de la roche.
Un des plus anciens pélerinages de tout l'Europe :
Le plus important pélerinage est celui du mois de mai, où chaque année on honore le jour de la mort de Saint Gens. L'espace d'un week-end, la statue du saint est transportée, sur un brancard, de Monteux, jusqu'à l'église de l'Ermitage, située à une centaine de mètres en contrebas de la fontaine. On peut alors dénombrer jusqu'à 4 000 pèlerins quotidiennement. Trop nombreux pour que tous puissent pénétrer dans l'église élevée au XIXe siècle, à l'emplacement du rocher, où fut inhumé Gens et où se trouvent ses reliques. Il est prié dans tous les villages de Provence pour faire tomber la pluie, tandis que l'eau miraculeuse de la source soignerait les fièvres et bien d'autres maux physiques et spirituels. Gens n'a pas été canonisé mais sanctifié par le peuple.
Une antériorité spirituelle du site :
Il n'existe aucun document historique antérieur au XV° sur la vie de Saint Gens. Elle a essentiellement été édifiée par la ferveur populaire. Mais les légendes, on le sait, s’ancrent souvent sur une réalité ancienne. D’une beauté tellurique, le lieu est à l’évidence propice à l’élévation spirituelle. Il semble aussi que la source ait existé depuis longtemps, et fut probablement l'objet d'un culte païen antique. « De mémoire d'homme, on n'a jamais vu le filet d'eau s'arrêter, même par temps de grande sécheresse », lance Patrick Clément. Montilien de souche, ce quadragénaire préside la Confrérie de Saint-Gens, fondée au XVIIe siècle.
L'église comme sanctuaire et lieu de culte :
Peu après la mort de Gens une nouvelle église aurait été édifiée. De cette église romane subsiste encore la remarquable coupole sur trompes.
Jusqu'au XIII°, le corps du saint aurait été laissé dans le tombeau qu'il avait lui-même taillé dans le rocher.
Miraculeusement conservées lors du pillage des Huguenots au XVI°, les reliques sont placées un siècle plus tard dans une chapelle élevée afin de les abriter. En 1696, on réalise une châsse en bois doré qui se trouve aujourd'hui encore dans une chapelle de l'église de Saint Gens. Les reliques sont conservées à l'intérieur.
Le bas-côté nord de l'église est construit en 1832. Des travaux beaucoup plus importants sont effectués à la fin du XIX° afin de réunir en une seule construction la chapelle du tombeau et l'église de l'ermitage.
En 1877, Monseigneur Dubreil apporte une pierre (ou un morceau de marbre antique) du cimetière de Saint-Callixte à Rome, donnée par le pape Pie IX, pour servir de base à la reconstruction de l’église.
Façade arrière de l'église de l'Ermitage Saint Gens.
Aujourd’hui, l’évêché d’Avignon a confié le sanctuaire de Saint-Gens à la communauté catholique brésilienne : "Palavra Viva" (Parole Vivante). Dans la petite boutique, vous trouverez une petite brochure qui, pour une somme très modique, vous permettra de bien pénétrer l'atmosphère de ce lieu authentique, encore hors du temps. Divers souvenirs et médailles du lieu peuvent y être achetés, pour permettre le remboursement des frais des lieux. Outre l’accueil du grand pèlerinage de mai, la communauté brésilienne organise des retraites et célèbre les différents offices du culte.
Curieuse habitation sur la route de l'ermitage St Gens.
Si vous décidez de prendre le chemin de l' Ermitage, vous découvrirez un lieu cher aux habitants du Comtat Venaissin, depuis des siècles. C'est une belle promenade à faire en famille, même si un peu sportive, qui vous immergera dans les parfums de la garrigue, sur les pas de Saint Gens.
Pour conclure une belle prière, de Yves Pons, dédiée à Saint Gens :
J'aime faire découvrir, au travers de mes photos, les jolis endroits vers lesquels mes pas m'ont conduite. J'aime la nature et notre belle région du Luberon et des Monts du Vaucluse. En vous faisant partager mes coups de coeur, où mon regard s'est émerveillé, je souhaite que vous puissiez aussi vous évader à votre tour.
Merci de votre visite et à bientôt !
Bonne fête à toi.
Superbe coin que j’aimerais bien visiter.
Merci pour le partage.
Super belle journée à toi.
Rohnny