Saviez-vous qu’il existe dans le Drôme, à Hauterives, entre Valence et Lyon, un monument, d'architecture naïve, classé aux monuments historique, et digne des temples d'Angkor ? Connu sous le nom de Palais idéal du Facteur Cheval, cet édifice surprenant et atypique, que l’on ne rencontre nul part pareil, est l’œuvre d’un seul homme.
Cet article fait partie du collectif #EnFranceAussi créé par Sylvie du blog Le coin des voyageurs, qui propose chaque mois de nouveaux thèmes, pour mettre la France à l’honneur. En ce mois de janvier, c’est Olivia, du blog lafilledelencre qui a proposé le thème : "loufoque".
Ce qui rend ce lieu singulier, en plus de son style unique, c’est l’histoire incroyable d’un facteur qui l’a construit : Ferdinand Cheval. Ce batiment est impressionnant de détails et d'imagination.
C'est réellement une oeuvre d'art unique, d'autant plus quand on sait que le Facteur Cheval a consacré sa vie à sa construction, seul, avec pour seuls matériaux ce que la nature lui a donné.
10 000 jours de travail :
Il mettra en tout 33 ans de sa vie à la construction de ce palais (de 1879 à 1912), soit : 10 000 journées, 93 000 heures. Il passera huit années supplémentaires à la construction de son tombeau et celui de sa femme, que l’on peut voir dans le cimetière de Hauterives.
Pour cet homme qui n’a aucune formation de maçon, c’est un chef-d’oeuvre exceptionnel, qu’il a construit tout seul.
Son histoire incroyable : rien ne prédestinait Ferdinand Cheval à ce destin étonnant. Né en 1836, il connaît un début d’existence difficile et instable : issu d’une famille de modestes paysans, il devient orphelin de mère à 11 ans et de père à 18 ans. Sa vie sera marquée par d’autres deuils : celui de sa première épouse et de deux de ses enfants.
Se retrouvant seul avec un fils, la Poste lui propose de devenir facteur à Hauterives. Il a alors 31 ans. Quotidiennement, il effectue à pied une tournée de trente-deux kilomètres. De longues heures de solitude, à marcher en pleine nature, pendant lesquelles il laisse libre court à ses rêveries. Il va occuper cet emploi de façon continue pendant vingt ans.
Un jour pendant sa tournée, en 1879, il tombe sur une pierre à l’apparence très particulière. Il l’a ramasse et c’est le début de la construction hétéroclite de son palais idéal. Désormais, à chaque tournée, Ferdinand Cheval observera tous les cailloux qui croisent sa route. Les plus beaux, les plus intrigants, il les rassemble en tas sur le bord du chemin. Le soir, avec sa brouette, il revient prélever son butin pour l’entreposer dans son lopin de terre, un potager à Hauterives.
Il commencera son édifice, par une fontaine, qu'il appelle sa source de vie, sur la parcelle de son jardin. Mais faute de place, il va alors progressivement racheter toutes les parcelles de ses voisins, ce qui lui permettra de construire les quatre façades de son palais. Il va progressivement ajouter de nouveaux éléments, autour de sa sa source : un temple égyptien, puis un temple hindou, sur lequel s’appuieront les trois géants (Vercingétorix, César et Archimède).
Il s’attaque ensuite à la galerie du labyrinthe, ainsi que les façades.
Au début il subit les railleries de ses voisins qui ont du mal à comprendre pourquoi cet ancien ouvrier agricole commence à entasser des pierres dans son jardin alors qu’eux cherchent à en débarrasser leurs champs.
Ferdinand Cheval préfère, lui, transformer son lopin de terre en un lieu magique, où il fait pousser une cathédrale de pierres, au lieu de cultiver un potager.
Pour éviter les sarcasmes, qu’on ne le prenne pour un fou, un illuminé, il travaille pendant les nuits glaciales. Sur des échafaudages menaçants, une lampe à pétrole à la main, il construira, sous la lune, des excroissances de pierres étonnantes.
Sur ses monuments, en forme : de pagodes, de temples, de mosquées, de grottes, de cascades, de tombeaux, il gravera des animaux bizarres (bêtes exotiques), des visages, des plantes extraordinaires.... Les façades du palais sont construites avec des coquillages, des escargots, des huîtres et différentes pierres assemblées avec du mortier de chaux.
Il utilise des fils de métal pour la construction de ses murs, une vraie prouesse technique, pour l’époque et qui, de plus, dure avec le temps. Il est en quelque sorte le précurseur du béton armé, une véritable trouvaille, n’ayant en plus aucune connaissance en architecture.
Il va s’abandonner, corps et âme, dans la solitude la plus profonde de son œuvre, délaissant la société. Cependant, dès 1897, l’étonnant monument va attirer de plus en plus de visiteurs, chaque année.
En 1914, à l’âge de 75 ans, il s’attèle à la construction de son tombeau dans le cimetière communal d’Hauterives : il lui faudra 8 ans pour achever son ultime oeuvre. C’est en 1924 qu’il s’éteint, à l’âge de 88 ans. En 1969, le site est classé aux monuments historiques, et acquis par la commune de Hauterives en 1994.
Mais où Ferdinand Cheval est-il allé puiser toutes ces idées ? Comment un homme modestement instruit, vivant dans une zone rurale, et qui n’a jamais voyagé, hors de sa région, a-t-il pu stocker une telle connaissance ? Comment ne pas s’interroger, de nos jours, au 21ème siècle ?
Ce palais surprenant est le témoin de l’imaginaire collectif, nourri de l’exotisme de contrées lointaines, que l’on pouvait trouver dans les expositions universelles. Ce facteur était fasciné par l’Algérie, et l’Egypte, on le voit très bien à travers les façades de son palais, comportant une profusion de palmier, de minarets de mosquées. La « galerie du labyrinthe » évoque, quant à elle, les tombeaux antiques. D’autres éléments rappellent les temples d’Asie comme Angkor, que l’on retrouvera à Paris, à l’occasion des expositions universelles.
Ferdinand Cheval se servait donc à l’époque des journaux illustrés, ainsi que les cartes postales. Si c’est aujourd’hui l’exotisme qui nous frappe, au premier abord, les références au christianisme, par exemple, sont très présentes aussi : profusion de personnages issus de la Bible …
En faisant attention aux moindres détails, je me suis vraiment rendu compte de l’ampleur du travail qu’il a réalisé. C’est un plaisir de lire ses citations gravées dans la pierre. Ses commentaires, sur les murs, en dise long sur sa vie pleine d'embuche et de malheur. Pendant quelques instants, lorsque la magie opère, nous avons l’impression de retomber en enfance, dans un monde imaginaire.
Au centre la maison carrée d'Alger.
Cet homme, hors du commun, a réussi à nous faire voyager dans une autre contrée, dans un lieu unique au monde, alors que lui-même n’a jamais quitté sa région de la Drôme. On reste ébahi devant un tel monument, et devant le courage et la ténacité de ce facteur, pour réaliser une telle œuvre. Cette escapade a été un moment de pure évasion et d’émerveillement par tant de beauté !
Mieux vaut visiter le Palais idéal du Facteur Cheval hors saison, car c’est la principale attraction de la région et le lieu est souvent envahi de touriste, ce qui gâche un peu la magie du site !
Pour ceux que cela intéresse le film passe au cinéma le 16 janvier 2019 :
Découvrez les premières images de L'incroyable histoire du Facteur Cheval. Porté par Jacques Gamblin, le biopic sur cet homme exceptionnel est à découvrir le 16 janvier au cinéma. Jacques Gamblin portera le costume de Ferdinand Cheval, avec aussi Laetitia Casta....Voir la bande annonce :
Bande annonce de L'Incroyable histoire du Facteur Cheval (2019) en avant-première au Cinéma Avignon - Capitole Studios
https://www.capitolestudios.com
Je ne l'ai jamais vu en réel mais j'ai vu un reportage sur son oeuvre et sa vie qui est vraiment étonnante ! J'espère que tu vas bien , tu as récupéré ton mari , moi ils sont tous partis la maison est vide ......
Bon dimanche Martine
Bisous Hélène