S'immerger dans une forêt est toujours une expérience particulière. Ces lieux, qui recouvrent une large partie de la surface de notre globe, abritent la majorité des espèces végétales et animales. Certaines d'entre-elles ont le don de vous revigorer de façon instantanée, c'est le cas de la Forêt des Cèdres de l'Atlas, du Luberon, à Bonnieux. Grâce à son feuillage dense, ses sous-bois, frais, sont un lieu de prédilection pour la flânerie, et sont très appréciés des visiteurs.
Cette forêt magique et mystérieuse, où la nature est toujours reine, occupe incontestablement une place de choix dans notre région du Luberon. Sa préservation, ainsi que sa bonne gestion, sont plus que jamais d'actualité. Située au sommet d'un plateau, qui surplombe un paysage méditerranéen, austère et sec, c'est une véritable curiosité.
Vue imprenable dans la montée.
Elle se trouve à 5 km de Bonnieux, dans le Luberon, en prenant la D36, direction Lourmarin.
Dans la montée, juste avant d'arriver, un belvédère permet de contempler le village de Bonnieux, mais aussi toute la vallée du Luberon, le Mont Ventoux, en passant par la Ste Victoire, jusqu'à la chaîne des Alpes.
Vue sur le village de Bonnieux, du belvédère.
Un immense parking, à l'ombre, sous les arbres, nous accueille, (en été, l’accès au parking est limité et payant).
Vue sur la chaîne des Alpes enneigée, au fond.
Avant l'introduction des cèdres, les crêtes du Luberon étaient entièrement pâturées. Aujourd'hui, les troupeaux continuent d'assurer, avec l'aide de débroussaillement, l'entretien des milieux ouverts restants.
Les pelouses sèches, et garrigues, abritent une diversité exceptionnelle de plantes et d'insectes, de reptiles, de mammifères et d'oiseaux. Les grands rapaces des falaises, et des forêts voisines, les utilisent comme territoire de chasse.
En 1862, des graines de cèdres de l'Atlas, (Cedrus Atlantica), en provenance de l'Atlas algérien, sont semées pour reboiser les sommet du Petit Luberon. Les cèdres de la 1ère génération ont maintenant 150 ans, ils ont une silhouette imposante et sont les arrière-grands-parents...
Leurs descendants les entourent et forment la forêt d'aujourd'hui. La forêt continu de s'étendre sur la crête, à 720 m d’altitude. Le sous-bois offrent une faune et une flore rare.
Arbre méditerranéen, majestueux, il supporte bien la sécheresse, résiste aux incendies de forêt, et peut vivre plusieurs siècles, (il représente l'immortalité). Se promener dans cette forêt ne laisse personne indifférent !
En 1952, un grand incendie a ravagé plusieurs milliers d’hectares, seul le coeur de la cédraie y réchappa. Quelques années plus tard, les semis naturels des cèdres reprennent vie, ils renaissent de leurs cendres.
Aujourd’hui encore, c'est un arbre sacré dans plusieurs religions. Le cèdre fut donc voué aux dieux dès la haute Antiquité. Les Anciens considéraient le cèdre comme un symbole d’immortalité. Les Egyptiens employaient son bois, incorruptible et odorant, à la fabrication des statues des dieux et des sarcophages. Ils lui attribuaient aussi une propriété divinatoire.
Les Grecs brûlaient son bois lors des sacrifices non sanglants. Les Asiatiques lui vouent une vénération séculaire. En Chine, il est planté dans les enclos sacrés. Au Japon, il est aussi très prisé par les moines bouddhistes, et s’élève traditionnellement dans l’enceinte des sanctuaires.
L'écosystème forestier abrite une vie diversifiée. Dans l'ambiance fraîche du sous-bois, à l'ombre du feuillage, le sol est riche en micro-organismes qui contribuent à sa fertilité.
Les vieux arbres et le bois mort hébergent des larves d'insectes, champignons, petits animaux... Les oiseaux occupent tous les étages, des buissons au sommet des grands arbres : des petits passereaux, rouge-gorges, mésanges, roitelets, aux grands rapaces. Les reptiles et mammifères (sangliers, chevreuils) sont également très présents.
Les sous-bois de la cédraie sont très pauvres en plantes à fleurs. Seuls le buis et le genevrier, y abondent et résistent à la faible luminosité qui traverse le feuillage des grands cèdres.
En revanche , la fraîcheur de la forêt explique la présence de champignons rares en Provence , que l'on retrouve normalement dans les régions plus froides ou même , pour certains , uniquement dans les montagnes du Maghreb. Les champignons sont par contre interdits à la cueillette, comme les plantes.
Cèdre remarquable.
Solide et odorant, naturellement résistant aux intempéries, le bois de cèdre est apprécié depuis l'Antiquité. Ici les cédraies communales de Ménerbes, Lacoste et Bonnieux sont gérées par l'Office National des Forêts (300 ha).
Elles sont exploitées régulièrement par des coupes d'éclaircies, qui produisent du bois d'oeuvre tout en garantissant le renouvellement de la forêt. Le cèdre est utilisé à une échelle locale pour la menuiserie et la construction.
Cette forêt est très appréciée en été pour son ambiance fraiche et ombragée. Ces cèdres centenaires offrent un spectacle fascinant tout au long des saisons. Nous y venons régulièrement, et c’est toujours un plaisir de contempler ces arbres remarquables, centenaires.
Ces patriarches à la fière allure, qui illustrent la puissance et la noblesse, confèrent au lieu son incontestable majesté et se posent comme les ambassadeurs de leur espèce. L'immersion est d'autant plus bénéfique que les arbres atteignent une hauteur impressionnante, ce qui vous donne l'impression d'être tout petit, et comme enveloppé par un océan de branches, et donc coupé du monde.
Tout au long des sentiers, on peut s'enivrer du parfum caractéristique de ces arbres. Avec son odeur fine et boisée, l'odeur du cèdre est une véritable invitation à la méditation.
Le cèdre doit recevoir un mélange de pluie, brouillard et de givre, pendant plusieurs jours consécutifs, pour que ses graines puissent se disséminer, et le froid en hiver, tout comme la brume en été, sont indispensables à sa survie. Les feuilles (épines), ont 2 cm de long, à pointe aiguë, gris-vert à vert foncé.
Détail des épines du cèdre de l'Atlas.
L’écorce est gris-foncé sur les vieux arbres, fissurée en plaques écailleuses. On le distingue facilement du cèdre du Liban par son port qui est plus élancé que celui du Liban. Il ne craint pas le froid.
Voici le fruit du cèdre de l'Atlas, qui donnera à son tour, naissance à une autre génération. Le fruit est un cône dressé, de ± 8 cm de long, ovoïde cylindrique. Ils fleurissent à l'automne.
Le fruit du cèdre.
Les sentiers sont très bien aménagés tout en respectant le caractère naturel du site et son aspect sauvage. La découverte peut se faire aussi en vélo. C'est un endroit calme, et reposant, où la nature possède un charme qui laisse sans voix...
Les jours de grande chaleur, les arbres protecteurs apportent l'ombre et la fraîcheur aux nombreux promeneurs. Hors saison, son calme se laisse savourer par les amoureux de la nature, qui s'échappent avec bonheur à la vie citadine.
Tout le long du parcours, dans ce petit bout du monde, à 720 m d'altitude, on rencontre des arbres remarquables. Vous pourrez apercevoir, aussi, si vous levez la tête, un "Hibou Totem" qui veille jalousement sur la forêt ...
Dans l’univers végétal de la forêt de cèdres, on rencontre, tout au long du chemin, des cabanes dans les arbres, pour le plus grand plaisir des enfants.
L’entrée est même aménagée pour les poussettes, les personnes à mobilité réduite et les malvoyants. Des tables et bancs en bois permettent de pique-niquer, confortablement, aux beaux jours, on peut même jouer à la pétanque.
4 sentiers sont aménagés, et calibrés en fonction de la difficulté, et du temps dont on dispose. Ils sont bien fléchés, avec des panneaux d'information, sur la flore et la faune, avec des boucles de 1h30, en marchant normalement et en comptant les pauses photos .
Attention toutefois, les couleurs des parcours en fonction des difficultés va du vert au rouge, rouge étant le plus facile. Le parcours jaune est plus difficile que le rouge. Il est tout à fait possible, dans ce havre de paix, de tout faire dans la journée.
Sentier du Portalas.
Nous choisirons, pour commencer, le sentier jaune, du Portalas, (le plus long), d’une distance de 4 km, plus escarpé, et qui mène à une vue panoramique extraordinaire. Une agréable odeur de cèdre et de fraîcheur se répand tout le long de la balade.
Il descend ensuite vers le sud dans un vallon. Toujours en direction du sud, le sentier remonte, ensuite, de manière assez forte vers le plateau. Colonisé par la végétation, le chemin devient plus étroit. Ce parcours alterne descentes et montées, avec peu de plat.
Ce parcours oblige un peu à crapahuter souvent dans les cailloux et les rochers. Il nécessite d'être un minimum en forme, et surtout bien chaussé.
Vue sur le Mourre Nègre, au fond.
Mais arrivés en haut, sur le plateau du Portalas, notre effort est récompensé... et quelle vue ! Une panorama magnifique sur la Durance, un endroit que l'on oublie difficilement ! (pour éviter le contre-jour, mieux vaut venir le matin au belvédère).
Le belvédère du Portalas, offre, malgré la brume, un panorama à 360° sur la vallée de la Durance, les Alpilles, la Ste Victoire, l'étang de Berre, et par beau temps la méditerranée.
Certains jours, lorsque la plaine de la Durance est plongée dans nappe blanche, le soleil qui brille juste au-dessus, invite la brume à sculpter un paysage mystérieux… Ce qui offre à chaque fois un magnifique spectacle... La forêt de cèdres de l’Atlas, en contre-bas, voit ses arbres baigner dans une atmosphère cotonneuse.
Ce tableau aussi enchanteur, qu'éphémère, est toujours un plaisir à contempler et à photographier.
A ne pas manquer, le point de vue sur le Val de Durance, au Portalas, et l'arche éponyme, à une centaine de mètres sur la droite de la table d'orientation.
Un petit chemin qui part du belvédère, nous permet de contempler l'arche du Portalas, du haut des rochers escarpés.
L'arche du Portalas.
Suivant la période de l'année la garrigue peut être fleurie, on peut y voir des cystes, de la sauge des prés, ou du Chèvrefeuille...
Nous prendrons le chemin du retour, en suivant le parcours le plus long, pour faire une variante et rallonger la randonnée.
Nous attaquerons ensuite, un 2ème parcours, sentier balisé en vert : le Bois de Roustan, d'une durée de 1h30 pour une distance de 3.8 km.
Beaucoup moins intéressant que le sentier du Portalas, il permet de jeunes cèdres, trés nombreux, qui nourrissent l'espoir d'une reconquète solide de la végétation, sur ce sol un peu ingrat.
Avant de revenir au parking, nous passons par le chemin des Cèdres, accessible aux handicapés, qui nous permet d'admirer des arbres remarquables.
Certains arbres ont des troncs, dont la taille impose le respect. (30 à 40 m de haut)
Au détour du chemin, nous rencontrons, la star des cèdres : le cèdre Lyre.
Le cèdre Lyre : un arbre remarquable.
Mes conseils : on dit que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, il en est de même pour la nature... Pour apprécier cette balade, il faut y aller aux premières heures, hors canicule, et surtout hors des grandes fréquentations touristiques.
Ainsi vous aurez l'impression d'être seul au monde, vous n’entendrez que le chant des oiseaux et pas les cris des enfants, et des gens qui parlent fort... et vous pourrez espérer y voir des sangliers, des écureuils, des fouines, des hiboux moyen-duc, par exemple.
Jeu d'ombres et de lumières à travers les arbres, au soir.
Pour ne pas venir pour rien, renseignez-vous sur l'ouverture des massifs. En été, la foret est parfois fermée pour risque d'incendie.
En redescendant la route, qui serpente dans la montagne de la forêt de cèdres, nous apercevrons sur notre droite, une immense tour : la tour Philippe. Elle ne se visite pas, mais intrigués nous irons la voir de plus près. Voici l'histoire de ce lieu insolite : Si l’on remonte au XIXe siècle en 1885, Philippe Audibert, un génie artistique bonnieulais, eu l’envie de construire une tour dans le but de réaliser un rêve enfoui : avoir un panorama magnifique avec une vue imprenable sur la mer.
L’argent et le temps manquent, son ouvrage ne sera malheureusement jamais achevé, car Philippe Audibert, entre temps, trouvera la mort. Son héritier ne terminera pas cette merveille de Bonnieux.
La forêt de cèdres, de Bonnieux, est une balade incontournable ! Ne pas oublier de visiter l'enclos des bories en redescendant, visite très intéressante.
Pour en savoir plus sur le Luberon, je vous invite à suivre ce lien :
Laissez-vous tenter par le Luberon. Des villes et villages perchés à la vue incroyable, dont Gordes, l'un des plus beaux villages de France, des sentiers d'itinérance de toute beauté, un patrimoine historique remarquable et une gastronomie reconnue ...
Je vous présente mes meilleurs voeux pour la nouvelle année. Que celle-ci soit douce et remplie de beautés ! J'espère que la nouvelle année 2019 sera à la hauteur de vos espérances : pleine de petits et grands bonheurs à savourer chaque jour de l’année. Profitez plus que jamais de toutes les merveilles que sait si généreusement nous offrir la nature... Car la nature a le pouvoir d'être belle à toutes les saisons.
Une nature que nous devons continuer tous ensemble à protéger. C'est pourquoi nous devons plus que jamais nous mobiliser pour notre bien le plus précieux : notre planète. Et pour cela, chaque geste, même le plus anodin, compte !
Bonne Année à toutes et à tous !
Tous mes meilleurs vœux Martine du fond du cœur et continue a nous faire partager tes merveilles. Biz Lyne