DSC_1864 cadenet

Dans le Luberon, comme en Provence, ce pays aux étés et aux hivers secs, où les sources sont rares, et les rivières épuisées lors des périodes estivales, l’eau, plus qu’ailleurs, c’est la vie !  Durant des siècles, les lavoirs ont été le cœur de la vie commune. Aujourd’hui, ils participent au charme de nos villages.

DSC_4654flassanLavoir de Flassan. 

Le lavage du linge était une activité importante en Provence, et compliquée, jusqu'à ce que l'eau courante apparaisse dans toutes les maisons, c'est-à-dire bien après la deuxième guerre mondiale. C'est donc depuis un peu plus de 50 ans que les lavoirs ne sont plus utilisés.

DSC_9765Lavoir de Séguret. 

Le lavoir pouvait être accolé à une fontaine ou indépendant, ouvert ou couvert, situé dans le village, campé dans la proche campagne, près d’une source ou au bord d’un ruisseau.

DSC_1702SaignonLavoir de Saignon. 

Il se compose, en général, de deux bassins, l’un pour le lavage et l’autre pour le rinçage. Le bassin de rinçage est celui qui reçoit l’arrivée d’eau ; cela se comprend, car l’eau doit être bien propre pour bien rincer.

lavoir typeLavoir type avec bassin de lavage et bassin de rinçage.

Architecture des lavoirs : Dans ce pays, où le soleil est ardent, ils s’abritent souvent sous des toitures, sous des voûtes, ou dans des renfoncements creusés dans des talus ou des murs de soutènement. 

DSC_1863 cadenetLavoir de Cadenet.

Des piliers de pierres, ou de fonte, portaient le toit, à une ou deux pentes, en tuiles ou en lauzes. Le bord biseauté du bassin ramenait l'eau vers l'intérieur, épargnant les laveuses.

DSC_4904cabrièresLavoirs de Cabrières.

Un mortier, étanche, en jointurait les pierres de grand gabarit. Le trop plein suivait la pente douce du sol carrelé, caladé ou dallé.

DSC_4928Lavoir de Cabrières. 

Une conduite en terre cuite, ou en plomb, l'évacuait à l'extérieur vers les : fossés, abreuvoirs, ruisseaux, champs, égouts, pour les plus récents. Une purge permettait de vider les bacs afin de les curer. La surverse des lavoirs irriguait souvent les jardins potagers, en contrebas des habitations. 

planCircuit : la source, la fontaine, le lavoir, le jardin. 

Dans les communautés villageoises d’antan, il y avait des lieux fréquentés indifféremment par les deux sexes : c’était l’église, le cimetière ou la place du marché et les commerces.

DSC_2267CucuronLavoir de Cucuron.

Par contre, il y avait des espaces où hommes et femmes ne se mélangeaient pas : le bistrot, qui était fréquenté par les hommes, et qui se voyaient aussi à la chasse, ou au travail. 

DSC_0497MérindolLavoir de Mérindol.

Le lavoir qui était, par contre, réservé aux femmes. Cantonnées dans la garde des enfants, et les tâches ménagères, elles sortaient peu sauf pour fréquenter l'église. 

DSC_7706buouxLavoir du Buoux.

C’était en effet un des rares lieux où elles pouvaient se réunir, et échanger librement. Effectuer à plusieurs le lavage du linge, rendait ce travail difficile plus supportable : les femmes pouvaient discuter entre elles, plaisanter, chanter…

DSC_4656flassan

Les lavoirs étaient le siège d’une intense vie sociale, des lieux de rencontres incontournables pour les femmes du village.

DSC_5072goultLavoir de Goult.

Avec des gestes immuables, les lavandières battent, frottent, (au savon de Marseille), rincent et essorent le linge autour des bassins du lavoir. 

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Lavoir de St Saturnin

Ce travail était long et pénible, car pour le plus grand nombre de familles, celles qui n'avaient pas la possibilité d'avoir des blanchisseuses à demeure, la grande lessive avait lieu une fois ou deux par an, au printemps et à la fin de l'été. 

DSC_4419MursLavoir de Murs.

La création des lavoirs résulte ainsi d’une prise de conscience collective de l’importance de la salubrité publique et des principes élémentaires d’hygiène. 

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Lavoir de St Saturnin. 

Quelques lavoirs isolés furent affectés aux linges souillés, des malades contagieux, celui qui était présent dans la localité profitait, en général, aux seuls habitants en bonne santé. 

DSC_2607AnsouisLavoir d'Ansouis.

Au lavoir, la situation sociale de chacun y apparaissait au grand jour, non seulement par la qualité du linge, mais aussi par le fait que seuls les notables n’allaient pas au lavoir, puisqu’ils employaient des domestiques.

DSC_3153BonnieuxLavoir de Bonnieux. 

Les lavoirs sont aussi un espace de liberté et d’émancipation pour les femmes. 

DSC_1987CadenetLavoir de Cadenet. 

 Les cafés leur sont fermés, il n’était pas concevable qu’elles puissent participer à des réunions masculines.

DSC_0499lacosteLavoir de Lacoste.

Aux lavoirs on y échangeait les dernières nouvelles du village, et même de la région. Les bavardages et les ragots y allaient bon train, les petits secrets de familles s’y révélaient.

DSC_0498RustrelLavoir de Rustrel

Mais le lavoir était aussi un lieu de convivialité, les femmes savaient s’amuser.  Les rires et les familiarités, les chants et les danses faisaient oublier la rudesse de la tâche.

DSC_0495GordesLavoir du Gordes. 

Les pauses permettaient de se reposer et de se restaurer. On y servait du vin chaud, très apprécié en hiver, et même parfois des repas.

DSC_1654saignonLavoir de Saignon.

Le trousseau de linge de la jeune mariée était énorme, contenait suffisamment de draps, de torchons, de chemises, de serviettes pour tenir la maison pendant 6 mois voire un an.

DSC_3153Lavoir de Bonnieux.

Les familles les plus modestes, emmenait le linge dans une brouette, avec la caisse de bois, qui permettait à la lavandière de s'agenouiller sans mettre trop les genoux dans l'eau, et d'avoir un appui moins dur, sans oublier le battoir, le savon et les cendres pour laver.

DSC_7707buouxLavoir de Buoux.

C'était alors une pièce de théâtre mélo-dramatique qui se jouait au lavoir entre toutes ses femmes réunies.

DSC_9271beaucetLavoir du Beaucet.

Il y avait le conflit pour avoir la meilleure place, celle près du feu, où l'eau chauffait, celle plus près aussi de l'arrivée d'eau courante, pour ne pas avoir l'eau déjà salie par d'autres, et puis il fallait se mettre par affinités, les plus pauvres reléguées au loin.

DSC_4317viensLavoir de Viens

Les lavandières étaient exposées, été comme hiver, à la l’humidité constante, et à tous les courants d’air.

DSC_2006laurisLavoir de Lauris.

L'eau devenait sale, impropre à la consommation humaine, animale et les maladies n'en étaient avec les épidémies, que plus violentes (peste, choléra). La tuberculose est responsable, aussi, de nombreux décès. 

DSC_2010laurisLavoir de Lauris.

Les lésions de la peau, dues à l’emploi de lessives corrosives, les lombalgies, les varices, sont le lot commun de ces femmes qui portent des charges trop lourdes et travaillent sans cesse debout.

DSC_0496RoussillonLavoir de Roussillon.

Celles qui n'avaient pas accès aux puits, aux lavoirs et aux fontaines lessivaient sur une pierre ou une planche inclinée au bord d'une source, d'un cours d'eau ou d'un étang. 

DSC_2185lourmarinLavoir de Lourmarin.

Un long trajet de retour avec le linge mouillé, pesant, suivait souvent ce labeur ingrat, opéré dans une position inconfortable.

DSC_0500LiouxLavoir de Lioux.  

Un peu à l’écart de la fontaine, couvert ou bien abrité, alimenté par une source voisine, le lavoir a perdu son rôle social. Les lavandières ont disparu et, avec elles, des scènes animées ou les commérages allaient bon train. 

DSC_2606AnsouisLavoir d'Ansouis.

L'eau courante au domicile, les lessiveuses en zinc, et surtout les machines à laver, firent lentement oublier ces édifices. Gratuits, ils n'assuraient plus très souvent que les rinçages grands consommateurs d'eau. 

lavoir place du cormoran PernesLavoir de Pernes les Fontaines.

Beaucoup de lavoirs furent alors détruits pour créer quelques places de parking… Cette tendance semble s'être arrêtée. Beaucoup des municipalités actuelles restaurent et parfois fleurissent les édifices sauvés dans le cadre de la mise en valeur de leur patrimoine communal. 

DSC_1864 cadenetLavoir de Cadenet

Les lavoirs étaient un lieu éminemment social dans chaque village. Témoins de l’histoire locale, monuments remarquables pour certains, mais aussi oasis de fraîcheur et d’ombre en été, leur sauvegarde, puis leur restauration, ont commencé dès les années 1980. Fort heureusement, ces  lavoirs, modestes ou parés de sculptures et de bas-reliefs, sont restés au cœur de la vie, de nos villages de Provence, pour notre plus grand plaisir !

Pour en savoir plus sur le Luberon, je vous invite à suivre ce lien :

Office de Tourisme Luberon Cœur de Provence

Laissez-vous tenter par le Luberon. Des villes et villages perchés à la vue incroyable, dont Gordes, l'un des plus beaux villages de France, des sentiers d'itinérance de toute beauté, un patrimoine historique remarquable et une gastronomie reconnue ...

http://www.luberoncoeurdeprovence.com

Merci à vous tous de passer régulièrement sur mon blog, et pour vos commentaires forts sympathiques ! A bientôt.

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