La France est parsemée de jardins, grottes ou bien de châteaux susceptibles d'être hantés. Fantômes, bruits fracassants, objets qui bougent seuls, revenants, il y a des coins dans l'Hexagone où l'on n'aimerait pas rester plus de deux minutes, et encore moins seul dans la nuit.
Terre d’histoire, les Pyrénées-Orientales sont également une terre de légendes et de traditions. Inspirantes, toujours vivantes, ces dernières donnent lieu à des fêtes hautes en couleurs, qui mettent en scène sorcières, ours et dragons...
Je vous emmène, pour la fête d'Halloween, et ma 2ème participation, pour ce thème, faire un petit tour à Villefranche-de-Conflent, dans les Pyrénées Orientales, une ville remplie de sorcières. C'est parti pour une visite insolite, de ce lieu chargé de légendes, rien que pour se faire une grosse frayeur !
Cela tombe bien, car c'est le thème choisi ce mois-ci, pour les RDV #EnFranceAussi, par Sabrina : "En France aussi nous fêtons Halloween ou pas.", du blog : https://tupariscombien.com
Au fil de notre balade dans les ruelles, nous avons découvert que Villefranche-de-Conflent est connu pour être le fief des sorcières, (comme en Catalogne nord), ses vieilles femmes au nez crochu, souvent agrémenté d'une verrue.
Entre mythes et réalités, elles font partie du paysage culturel, et ici l’on croit fermement en elles. Autrefois, en pays catalan, chaque village avait sa sorcière.
Toutes les boutiques de souvenirs en vendent, même. Il est dans la tradition catalane d’offrir, à un proche ou à un enfant, une sorcière en signe d’amitié.
Des poupées, à l’effigie de ces sorcières, sont accrochées dans les maisons, soit dans la chambre des enfants, pour éloigner les mauvais esprits et laisser place au bonheur !
D'un côté il y a les "Bruixes", les vilaines sorcières, et de l’autre, les "encantades", les fées, ces créatures enchanteresses.
Les sorcières avaient la réputation de faire le mal, elles servaient le diable et pas les paysans. Elles faisaient du mal aux animaux des paysans, ainsi qu'aux paysans et paysannes, eux-mêmes, et leur donnaient des maladies. Elles leur faisaient perdre leurs récoltes, empoisonnaient les herbes des animaux, ou tuaient les cochons...Tremblez braves gens !!!
Attention, les fées n'étaient pas toutes des tendres, non plus. Certains lieux-dits, comme "Covas des encantadas", rappellent la légende, disant que les fées avaient l'habitude de se retrouver au bord de torrents isolés en montagne, dans la Cerdagne entre autres. Il paraît que près du lac des Bouillouses, un berger qui poursuivait un cheval, tomba sur plusieurs fées, qui se baignaient.
Il se tapit à l'abri d'un rocher et attendit que les belles s'endorment. Une fois fait, il s'enfuit, mais dans sa course, il se foula la cheville et cria de rage. Les encantades se réveillèrent, le rattrapèrent et lui lancèrent de l'eau. Et plus on lui en jetait, plus son corps devenait froid et se rigidifiât. Tant et si bien qu'au bout d'un moment, il fut transformé en pierre.
La légende veut même que cette pierre se trouve, de nos jours, à l'entrée de Llivia, (ville espagnole de Cerdagne).
En un temps reculé, où la magie et la sorcellerie étaient encore de mise, les sorcières habitaient dans les grottes du Conflent, où elles passaient tout l’hiver.
A la fin de celui-ci, elles sortaient des grottes pour fêter l’arrivée du printemps avec les villageois de Villefranche. Les villageois les accueillaient en leur offrant nourriture et cadeaux. En échange elles leur assuraient joie, bonheur et prospérité pour toute l'année.
Elles ne sortaient jamais sans leur balai, ni leur tablier qui les protègaient lorsqu'elles préparaient des potions. Leur chevelure, aussi sombre que leurs habits, finissait de compléter le tableau. Les sorcières volaient de nuit, et seuls les chats pouvaient les voir.
Du haut d'un toit ou d'une cheminée, elles choisissaient les maisons qu'elles souhaitaient maudire. Pour les faire fuir, les Catalans, n'oubliaient pas de mettre des tuiles recourbées, pointant vers le ciel, et placées sur le pignon, au sommet des toits, ou sur les cheminées : on les appelle des "espantas bruixes". Et pour les septiques, sachez que les maçons, travaillant en Catalogne, se voient souvent mis à contribution pour en installer, encore de nos jours !
Ils ont pour vocation de chasser les maléfices des sorcières, d'où la traduction de "effraie sorcières". On les appelle aussi parfois, "queue de coq", à cause de la forme, ou perchoir à chouettes. Dans ce dernier cas, on veut s'attirer les bonnes grâces des sorcières, en offrant un moyen de repos à leur oiseau de prédilection... De tous temps, les oiseaux de nuit ont hanté l’imagination des hommes. Leurs mœurs nocturnes, leurs cris étranges font des hiboux et des chouettes des oiseaux singuliers. Mystérieux et méconnus, ils ont longtemps souffert de leur mauvaise réputation. Considérés comme des oiseaux de mauvais augure, ils étaient cloués aux portes des granges.
Les temps changent, de nos jours, les sorcières font maintenant la fête, loin des buchers ! Elles sont mises à l’honneur, à Villefranche-de-Conflent, pour le jour d’Halloween.
Au cœur des Pyrénées-Orientales, au nord de la Catalogne, sur cette terre entourée de vignes, on entend alors résonner leurs rires et l’on croise leur regard cerné de noir. Depuis plusieurs décennies, la ville fête ces êtres fantastiques, pendant deux jours, fin octobre. Au RDV : masques au nez crochus, robes noires, chapeaux noirs pointus, balais, et maquillage à faire peur ...
La "festa des bruixes", (fête des sorcières), synonyme de joie et de dépaysement, est devenue une manifestation culturelle et festive de la région, où chacun peut se muer en acteur, en se joignant à la danse des Bruixes, sur le rythme endiablé des percussions.
Entre ateliers de fabrication de bruixes et de balais, théatre de rue, lectures de livres, danses aux sons des cornemuses, musiques catalanes, concerts endiablés et spectacles ensorcelants, petits et grands s’amuseront à avoir peur, sous les feux d'artifices qui ont remplacé les bûchers...
Au cours de ces journées, tout la ville de Villenfrance-de-Conflent se parera de déguisements, aux couleurs du Moyen- Age.
Labellisée "Plus beaux villages de France", Villefranche-de-Conflent mérite, aussi, un petit détour pour sa cité médiévale, fortifiée par Vauban et son riche patrimoine.
Trois de ses sites sont inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco : ses remparts, son Fort Libéria et sa grotte de la Cova Bastera.
Vagabonder à travers ses ruelles médiévales, pavées, et pleines de charme, c'est le vrai dépaysement !
Située dans une vallée étroite la ville a été construite à l'intérieur de remparts, bien conservés, qui en font le tour, lui donnant un aspect moyenâgeux.
Nous y découvrons aussi, la tour de la Viguerie, faisant partie des fortifications de Vauban, (patrimoine mondial de l’Unesco), ainsi que les échoppes et maisons de notables ou riches commerçants, et l’église romane.
Villefranche-de-Conflent est également le point de départ du Train Jaune, symbole du Pays catalan dont il porte fièrement les couleurs et véritable prouesse technique qui, historiquement, permettait de relier les hauts plateaux cerdans au reste du département.
Aujourd’hui le Train Jaune est un emblème touristique, aussi inattendu qu’incontournable.
Pour se rendre sur place il suffit, au départ de Perpignan, de prendre la Nationale 116, en direction de l'Andorre. Villefranche se trouve peu de temps après Prades, au moment où la vallée se rétrécit. Une ville à faire absolument lorsque l'on passe dans la région.
A bientôt pour de nouvelles aventures !
Gros bisous et belle journée.