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Voici le récit de notre escapade au lac Yesa, dans une région sauvage et aride. Un décor atypique, à moins de trois heures du Pays basque, entre la Navarre et l’Aragon dans les Pyrénées espagnoles. Ce paysage sauvage, de carte postale, à l'eau bleu turquoise nous donnait envie d'y faire une escale au soir. Nous nous sommes laissés porter, dans cette nature généreuse et complètement hors du temps et seuls au monde !

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Il faut savoir que le Lac de Yesa est sauvage, vous ne trouverez à proximité aucun commerce, activité touristique ni même un chemin d’accès au Lac. Ce sont juste des pistes argileuses, déconseillées quand il pleut !

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Surnommé "Mer des Pyrénées", le Lac de Yesa est un lac de barrage artificiel, l’embalse de Yesa, qui s’étend sur 10 km. Au pied de la Sierra de Leyre, c’est un endroit sauvage, plutôt difficile d’accès et non dépourvu de danger. Avec l’éventuelle montée soudaine des eaux dû au barrage, certains emplacements peuvent s’avérer plutôt dangereux, selon les conditions météo. 

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Le Lac est entouré d’une belle végétation de chênes, pins et hêtres. Ce qui fait toute la particularité du Lac de Yesa c’est ce sol aride et calcaire constitué de terre glaise, rappelant le désert des Bardenas. 

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Une terre sèche blanchâtre, de la gadoue qui colle, mais qui donne cette couleur d’eau incroyable, d’un bleu si intense. Il est possible de s'y baigner, sans problème, d’autant plus que l’eau est chaude. Si vous êtes adeptes des bains de boue, profitez-en, il parait qu’elle possède des propriétés thérapeutiques pour la peau, et qu’il y avait à cet emplacement une station thermale célèbre, avant la construction du barrage.

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Construit en 1959, le barrage de Yesa a été construit dans le but de créer un réseau d’irrigation et d’eau potable pour les environs, comme les zones arides du désert de Bardenas Reales, (à 1 h environ), entre Pampelune et Saragosse. Le réservoir qui en a résulté a inondé 2400 ha de terres agricoles. 

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Privée de ses moyens d’existence, la population s’en va, en 1960, laissant derrière elle des villages fantômes comme Esco, avec de faibles perspectives pour l’avenir, ainsi que les villages voisins de Ruesta et de Tiermas.

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Nous garons notre camping-car aussi près que possible du village, et partons pour l’exploration de ces ruines, avant que le soleil ne se couche complètement.

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On peut encore s’imaginer que des enfants jouent dans cette rue avec les parents qui regardent depuis le balcon.

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De plus, l'église du village de San Miguel est toujours debout. Le bâtiment est de style roman tardif, datant probablement des XIIe et XIIIe siècles. 

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Seule une partie du toit de l'église est effondrée. Il est par ailleurs en bon état, avec un escalier en pierre robuste, menant au sommet du clocher. 

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Dans les années 20, le barrage de Yesa est déjà destiné à servir de réservoir d’eau pour les zones arides, comme las Bardenas, entre Pampelune et Saragosse.

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Les travaux commencent en 1936 pour s’achever en 1959, avec l’inondation de 2400 ha de terre.

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Cependant, contrairement à Ruesta et à Tiermas, Esco, à 568 m d’altitude, n’a pas été complètement abandonné.

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Aujourd'hui, quatre personnes vivent toujours à Esco, élevant des troupeaux de moutons dans les pâturages toujours accessibles au-dessus de la ville. 

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Ils s'installent dans les trois rues et les soixante maisons de la ville, qui continuent à se décomposer et à s'effondrer. 

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Le village d'Esco qui remonte, officiellement, au moins au 12ème siècle. Les preuves archéologiques suggèrent que la terre autour du village a été habitée plus ou moins continuellement depuis l'âge du bronze. 

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Pour la construction du lac de barrage de Yesa, les habitants de l’Esco furent expropriés. Les autorités les ont indemnisés, et réinstallés sur des terres beaucoup moins fertiles…

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Les maisons furent détruites par la force publique, sous le régime franquiste, qui a pris soin de défoncer toutes les toitures, afin de provoquer la ruine définitive de tous les bâtiments. Je trouve cette  façon inhumaine de procéder.

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Des numéros et des croix à la peinture rouge sur les murs semblent dire « éradiqué », pour chacun des bâtiments, y compris l’église…

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Ces ruines représentent le symbole d'une vie figée à jamais. Elles provoquent de véritable pèlerinages, autant par les familles qui y ont vécu et leurs descendants qui veulent connaître les lieux, que pour des curieux.

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Les familles qui ont occupé ces terres  auraient voulu, comme leurs ancêtres l’avaient fait pour eux, que leurs enfants vivent là. Partir, « être arrachés », de leurs terres, était une perte inestimable. Leurs vies sociales et familiales ont disparu. Malgré les modes de résistances locales, les familles se sont dispersées, et les ruines demeurent, à tout jamais !

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Que pensent alors ceux et celles dont on a détruit la maison, ou bien le lieu de production, une brutalité gratuite, causée par une violence d’état, comme pendant les années du franquisme en Aragon.

Merci de nous suivre dans nos aventures, à bientôt.