Ayant traversé toute la côte atlantique espagnole jusqu'à Saint Jacques de Compostelle, nous avons croisé le long de notre parcours de nombreux pèlerins. Admirant leur courage, j'ai voulu en faire un article. Le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle ne laisse personne indifférent. Que ce soit pour des raisons personnelles, ou que l’on soit poussé par la foi, cette aventure marque à vie ! L'on part souvent en tant que randonneur et l'on arrive en tant que pèlerin.
Chaque année, des milliers de randonneurs passent leur été sur les chemins de pèlerinage jusqu’à Saint-Jacques de Compostelle, (Santiago de Compostela), situé au Nord-Ouest d’Espagne. Ce pèlerinage connaît aujourd’hui un regain de vitalité, et sa popularité s’étend jusqu’en Asie. Il attire une multitude de marcheurs (mais aussi cyclistes), désireux de nouvelles expériences, d’aventure et de rencontres. Il permet à celles et ceux qui l’empruntent, de prendre le temps du voyage, dans un monde où tout ne cesse de s’accélérer. Son classement au Patrimoine de l’humanité par l’UNESCO, en 1993, parachève les conditions de cette renaissance. En 2017, La barre des 300 000 pèlerins a été franchie !
Bien que les temps aient changé, le chemin de Saint Jacques de Compostelle est avant tout un pèlerinage chrétien, au même titre que ceux allant vers Rome, ou vers Jérusalem. Si aujourd’hui, parcourir cet itinéraire historique revêt pour beaucoup une allure de voyage initiatique, avec d’ailleurs un regain d’intérêt croissant, il ne faut pas oublier qu’au fil des siècles, ce sont des milliers de pèlerins qui ont usé leurs souliers en se rendant vers l’Espagne.
Ils sont partis de toute l’Europe, espérant obtenir les grâces de Dieu, ou guérir d’une maladie, apportant dans leurs baluchons des idées, des techniques, et un peu de leur culture.
Une route millénaire : L'histoire du Chemin de Saint Jacques de Compostelle remonte au début du IXe siècle, (en 813), lorsqu'un ermite, nommé Pélage, aurait selon la légende découvert la tombe de l’apôtre Jacques, dans un cimetière. Chose encore plus surprenante, c’est une étoile qui aurait guidé ses pas. L'évêque ordonne d'enquêter sur le lieu et trouve ainsi une chapelle et une tombe avec des restes de l'apôtre Saint Jacques.
En apprenant cette nouvelle, le roi Alphonse II ordonna de construire une chapelle en l'honneur du saint et de se rendre d'Oviedo à la place, devenant ainsi le premier pèlerin de l'histoire. Depuis, des pèlerins affluent de l’Europe et du monde entier, en direction de Saint-Jacques-de-Compostelle, en Galice (Espagne), souhaitant alors venir rendre hommage à ces reliques sacrées. Des milliers de personnes, jeunes ou âgées, en bonne ou mauvaise santé, à pied ou accompagnées de leur monture, chemineront ainsi vers les confins de l’Espagne.
Questions que l’on peut se poser avant d’entamer cette longue itinérance :
Pourquoi se lancer sur les chemins de Compostelle ? Combien de temps cela prend-il ? Suis-je bien préparé physiquement et mentalement ? Vais-je réussir ce projet ? Que vais-je découvrir et vivre ? Comment vais-je supporter les moments de solitude évidant sur un si long trajet ? Y a-t-il des périodes de marche préférables ?
Quel matériel est le plus adapté à cette expérience ?
Qui veut voyager loin ménage sa monture. Il est raisonnable d’envisager un poids ne dépassant pas 6 à 8 kilos. Des vêtements pour deux jours de rechange suffit, un sac à dos d’une capacité d’environ 40 litres, sans porter plus de 10 kg de poids, une trousse de premiers soins, une lampe de poche, et un couteau polyvalent, un imperméable, un parapluie...
Les bâtons de pèlerins : Ces bâtons, on en croise beaucoup sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Le bâton du pèlerin ou bourdon du pèlerin, est l’attribut de saint Jacques le Majeur, apôtre de Jésus Christ à l’origine de la route du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Il est souvent associé à la gourde, fabriquée avec de la calebasse et à la coquille des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Pourquoi réaliser le pèlerinage de Compostelle ?
Les raisons les plus répandues des pèlerins, de faire cette itinérance longue et régulière, sont :
- L’envie d’évasion, de faire une parenthèse dans sa vie et ainsi de prendre du recul sur ses aspects, car le chemin offre tout le loisir de réfléchir, les kilomètres étant nombreux.
- On peut aussi citer la motivation spirituelle, c’est le besoin de se reconnecter à la source, la recherche d’une forme de spiritualité, de méditation, de transformation intérieure, de dépassement de soi, qui se rapproche de l’origine même du pèlerinage,
- Cela peut être aussi le challenge sportif, l’envie d’arrêter de fumer, la perte de poids, l’envie de faire des rencontres, se faire de nouvelles amitiés, certains souhaitent trouver aussi, un lien avec la nature...
Photo de mon ami Gilbert, qui a parcouru de nombreux chemins de St Jacques de Compostelle.
Quel meilleur moyen de visiter, les régions traversées, que de le faire au rythme lent de la marche, tout en admirant les paysages que l’on traverse.
D’ailleurs, le passage par diverses abbayes et églises, les paysages que vous verrez et l’arrivée à la cathédrale de Saint Jacques de Compostelle vous feront apprécier cette incroyable aventure spirituelle.
...ou au Cap Finisterre, le bout du monde et le but final ! Ce Cap continue d'exercer une attraction spéciale sur les pèlerins de Saint Jacques de Compostelle.
Il faut compter un parcours de 90 km, après Saint Jacques, faisable en 3 étapes, généralement. Ce lieu mythique marque la fin du chemin terrestre et le début d’un renouveau intérieur pour de nombreux pèlerins. C’est l’arrivée à la borne du point kilomètre 0.
Cet endroit émouvant laisse désemparé le pèlerin, dont la quête s’achève ici, pire, se brise telle une lame, sur ce promontoire rocheux du « bout du monde ».
Pour se reconstruire, et renaître, les pèlerins, selon la tradition, brûlent leurs vêtements et leurs sandales, au bord de la mer, au pied du phare, en signe de changement de peau, avant de prendre le chemin du retour, (pratiqué encore de nos jours). Le feu a la réputation de purifier, c'est aussi un symbole de vie, et d'ardeur.
Il est incontestable que ce rituel de brûler ses vêtements restera longtemps gravé dans nos mémoires !
C'est en ce lieu, que le pèlerin vient chercher sa coquille, preuve du voyage accompli et symbole de renaissance. Pour recevoir la Compostelana, le document certifiant que vous avez effectué le Camino de Santiago, il suffit de montrer que vous avez parcouru les 100 derniers kilomètres du parcours.
Le privilège de faire ce pèlerinage c’est aussi de faire de belles rencontres, c’est cueillir, au passage, le sourire d’une personne que l’on croise, c’est déguster un plat typique, mais improvisé, c’est partager un repas ou un verre offert par un résident, c’est lire le journal local, c’est profiter des conseils donnés par les habitants (comme un hébergement non répertorié), c’est parler avec eux, malgré la barrière de la langue, c’est méditer dans les sanctuaires…
Là est la vérité, une progression épicurienne motivée par une insatiable curiosité. Certains prétendent que le chemin est " commercial ", et alors ! Quoi de plus naturel que dans toutes les régions traversées, une petite partie de la population ne survive que grâce aux pèlerins.
Mais c'est aussi une question de vision de la vie en général, que d'afficher un sourire quasi permanent, de tendre la main aux autres, d'écouter leur questionnement, de prendre le temps de répondre, et alors la confiance venant, les portes s'ouvrent dévoilant des merveilles cachées.
Là est la vraie finalité d'une telle itinérance... Là est le bonheur d'avoir parcouru à pieds de nombreux kilomètres, pendant plusieurs mois, et de n'avoir jamais été déçu... et qui plus est, ne plus pouvoir se passer de ces longs moments de solitude, hors du temps !
Témoignage d'un pèlerin : "Marcher sous 40°C, c'est souvent insupportable, la chaleur m’usait, mais jamais je n’ai envisagé d’abandonner et je n’ai croisé aucun abandon sur ma route. On ne revient pas en arrière. Sur l’autoroute des pèlerins, la course à l’hébergement a commencé. Pour être sûr d’avoir un lit, je devais parfois faire deux étapes en une journée, car les places devenaient de plus en plus rares, jusqu’à l’extrême : les 100 derniers kilomètres avant Santiago."
Bien qu’il existe plus de 60 itinéraires vers Saint Jacques de Compostelle (Santiago), chacun d’entre eux permet de ressentir la ferveur et la passion des pèlerins et, bien sûr, de profiter des paysages qui ont impressionné ceux qui les visitent, depuis tant de siècles.
Le Chemin du Nord (Camino del Norte) : Parmi toutes les routes pour arriver à Saint-Jacques-de-Compostelle, la Voie du Nord est l'une des premières choisies par les fidèles pour mener à bien leur pèlerinage, en suivant les anciennes routes romaines.
Chaque pierre de cette route contient d'innombrables légendes pour tous les amateurs d'histoire. De plus, les paysages qu'il traverse sont les plus beaux, car ils bordent toute la côte cantabrique.
Ça commence au pont de Hendaye en passant par Bilbao, Santander, Santillana del Mar, Comillas, Llanes, Ribadesella, Avilés et Luarca, jusqu'à entrer en Galice pour arriver à Santiago.
Inconvénients : Ce chemin est plus sauvage, mais également plus sportif que le "Camino Francés". C’est l’un des plus longs itinéraires (853,55 km), et pour marcher il faut environ 30 jours, avec peu de signalisation dans certaines étapes. Il est donc essentiel d'avoir une carte détaillée et un téléphone portable, pour éviter de dévier de la route. Etre attentif aux panneaux : le long du parcours, il existe différents types de marques, toujours jaunes, accompagnées de l’image de la coquille Saint-Jacques.
La coquille Saint Jacques :
Il était courant de croire que la coquille Saint Jacques protégerait celui qui la porterait, du mauvais sort et de la maladie. C'est pourquoi, au fil des années, la coquille est devenue le symbole du chemin. Aujourd’hui, pendues sur les sacs à dos des randonneurs, elle indiquent à ceux qui croisent leur chemin qu’ils ne sont pas seulement marcheurs, mais également pèlerins. Ainsi, ces derniers se distinguent entre eux et se saluent généralement d’un buen camino ! Même le balisage officiel européen reprend le symbole de la coquille Saint Jacques, il suffit désormais de suivre cet emblème jaune sur fond bleu pour parvenir à bon port.
Vous pouvez en récupérer une chez vous après un dîner en famille et l’attacher sur votre sac. Cependant il y en a en vente tout au long du chemin, pour une poignée d’euros. Elles sont cependant toutes semblables, et donc moins « personnelles ». Rien n’oblige d’avoir une coquille. À vous de voir si vous souhaitez vous plier à cette coutume ou non.
Le Credencial : Sachez que vous devez avoir sur vous un carnet du pèlerin, ou un credencial, disponible à l’association des jacquaires. Cette carte sera visée tout le long de votre périple. Déjà utilisé au Moyen Âge, le credencial était une lettre délivrée par des autorités religieuses, permettant de passer les contrôles sur la route vers Galice. Pour les hébergeurs, le carnet du pèlerin vous distingue des touristes car il existe des gîtes, plus aventageux, exclusivement réservés aux pèlerins.
En conclusion, la route jusqu’à Saint Jacques de Compostelle sera pour quiconque une belle expérience, riche en surprises, de superbes rencontres et de magnifiques découvertes à la clé.
Cet article est un article invité rédigé par Adrien, c'est donc lui qui s'exprime à travers les " je ". J'ai accueilli avec plaisir sa proposition d'écriture d'un article sur les chemins de Compostelle, car c'est un sujet qui intéresse beaucoup de monde et que je ne peux pas partager mon expérience sur ces chemins n'ayant pas (encore ?)
https://www.randonner-malin.com
Ce billet intéressera sans doute celles et ceux qui ressentent plus ou moins le désir de parcourir un Camino de Santiago. Quelles que soient les motivations - religieuses, philosophiques ou tout simplement sportives - l'expérience mérite d'être vécue.
Pour ma part, simple randonneur et pas du tout pèlerin, je ne peux pas dire que le Camino Francés, que tout le monde connaît, soit un beau parcours. Les paysages traversés sont souvent monotones, l'ambiance (il y a beaucoup trop de monde pour que ce soit une balade agréable) peut s'avérer détestable (j'ai failli me battre avec un gros autrichien de Vienne qui allumait toutes les lumières à 6 heures du matin alors que beaucoup de marcheurs dormaient encore), mais pour beaucoup c'est une expérience unique...
Bonne journée et bises