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Voici une randonnée, haute en couleurs, à la découverte des anciennes exploitations d'ocres de Mormoiron et visite des vestiges des anciennes installations de traitement des ocres. La randonnée, si vous y goûtez, vous ne pourrez plus vous en passer ! C’est une activité sportive saine, au grand air, avec le spectacle de la Nature, de magnifiques Panoramas et surtout… le calme ! Ici, comme au Sahara, l’ocre, véritable oeuvre d'art, donne le ton.  Départ, pour cette balade champêtre, depuis le parking du Plan d'eau des Salettes, à environ 1 km du village de Mormoiron. 

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De belles éclaircies ensoleillées, dans la journée, avec un petit avant goût de printemps. Nous longeons le rivage, en prenant la direction Est. Après être passés près d'une zone amenagée en parcours acrobranches, nous remontons le Vallat de Marquetton, boisé de pins maritimes, de chênes blancs et de marronniers. Une fois la crête franchie, nous redescendons sur un sentier sablonneux, orangé. Nous rencontrons les premières carrières d' ocre, dont les couleurs nous rappellent celles du Colorado Provençal.

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Moins vaste que le site de Rustrel, les ocres de Mormoiron sont aussi moins connues. Elles ont l'avantage de se trouver hors des sentiers battus, au coeur de beaux sous-bois et avec de magnifiques vues sur le mont Ventoux.

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Le site, laissé à l'abandon, a fait l'objet d'une réhabilitation, par la création d'un sentier de découverte, réalisé par le village de Mormoiron.

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Lors de cette balade magnifique, nous avons pu errer le long des parois rocheuses d'ocre, où des cavités, peu profondes, ont été creusées. 

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DSC_8383Photo prise dans une cavité.

Nous sommes passés près de grandes falaises, aux couleurs incroyables, dont les formes deviennent au fil du temps, de véritables oeuvres d'art. Comment ne pas être émerveillés devant toutes ces nuances d'ocre, parmi le vert de la végétation.  Les sentiers tracés dans des sols sableux  nous font découvrir une flore habituellement peu présente en Provence, comme les pins maritimes, les châtaigniers, la bruyère...

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L’ocre est un des plus vieux pigments naturels et est utilisé depuis la nuit des temps, comme à Lascaux par exemple. La coloration, du jaune au violacé, provient de l’oxyde de fer. Ce qui donne ces différences de nuances de couleurs des ocres : c'est une combinaison d'argiles, résultant de la destruction par les eaux, il y a plus de 70 millions d'années, de glauconite, de silicate d'alumine, associée à des oxydes de fer. 

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Nous suivons des défilés étroits, et nous arrêtons devant pas mal de galeries d’exploitation, dont certaines maçonnées. 

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Mieux vaut ne pas mettre des habits clair car, ici, une palette de 25 nuances d’ocre, de l’ivoire au rouge brique, pastélisent le paysage fait de collines, de falaises, de monticules, et de canyons.

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Nombreux sont les ocriers, qui ont creusé, au risque de leur vie, des galeries gigantesques,  à la barre à mine, et à l’explosif, des mines cathédrales, au labeur quotidien, comme celles de Bruoux à Gargas, autre grand lieu des ocriers. 

DSC_8427Entrée d'une galeries d'exploitation.

Ici, pas d’or, mais un précieux oxyde fer, qui a tout coloré en 77 000 ans : des gravures en Afrique australe, des chevaux à Lascaux et même des « Venus impudiques » du paléolithique, en Dordogne. 

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Nous prenons, ensuite, un chemin en direction de Ville sur Auzon, puis un autre qui nous mène en direction du surprenant ravin de Sitos.

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Nous sommes émerveillés par ces gorges étonnantes, avec des falaises d'ocre, aux différentes teintes chaudes : rouges, jaunes, marron... 

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C'est une véritable féérie de couleurs, le rouge, à cet endroit, domine.

DSC_8390Entre les murs du canyon.

Ce sont des gorges très étroites, constituées de falaises d'ocres, qui se terminent en cul-de-sac, par un cirque couvert par la végétation et une très petite chute d'eau. Des petites sources suintent du haut des falaises et forment parfois des cascades. (presqu'à sec en ce mois de février 2018). Nous apercevons même les gouttes qui en tombent. 

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Au sommet du ravin, beaucoup d'arbres ont leurs racines déterrées sur les bordures et risquent de tomber lors de prochaines imtempéries, d'ailleurs nous ne nous y attarderons pas trop. Difficile de photographier le cirque car très encaissé et dans l'axe du soleil à l'heure, où nous sommes passés.

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Des artistes en herbe se sont défoulés, sur les parois, et toutes sortes de dessins, parfois des grafittis les ornent. 

DSC_0215Un artiste est passé par là.

Des personnages symboliques ont été gravés dans la roche. 

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Le gisement d'ocre du Sablon a été exploité par la société Malavard de Villes-sur-Auzon entre 1887 et 1928. La "Compagnie des Ocres Française" a ensuite repris l'exploitation jusqu'en 1967. Il est composé de 90 % de sable et de 10 % d'ocre. Il est, de ce fait, moins riche que ceux de Roussillon ou de Gargas.

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Le site présente l'originalité d'avoir conservé les vestiges de toute la chaine d'extraction de l'ocre. Nous verrons, sur les fronts de taille, des carrières à ciel ouvert, ou en galerie, puis les installations de lavage (batardeaux), de broyage (malaxeur), de décantations et le séchage. 

Rigoles avec batardeaux et ecluses de depot du sableBatardeaux.

Le minerai extrait est ensuite déversé en tas correspondant aux différentes nuances. Ce tas de minerai est ensuite arrosé abondamment. L'eau chargée de minerai est dirigée vers un malaxeur (gros mixeur) destiné à homogénéiser et à casser les mottes formées par l'action de l'eau. À la sortie du malaxeur, le mélange est dirigé vers un batardeau, long bassin étroit et profond d'environ 1 m. Le mélange y décante. Les grains de sable (plus lourd) tombent rapidement au fond tandis que l'ocre reste en suspens. 

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Plusieurs batardeaux sont disposés l'un après l'autre, le mélange passant de l'un à l'autre. L'ouverture du bouchon fermant le batardeau était une opération importante. Ouvert trop tôt, le sable passe avec l'ocre, ouvert trop tard, l'ocre s'est déposé au fond. Pour connaître le bon moment, l'ouvrier goutait le mélange. Si le mélange crissait sous la dent il restait du sable, par contre s'il collait aux dents, il était temps de la laisser s'écouler.

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À la suite des batardeaux se trouvaient les bassins de décantation. Ceux-ci étaient remplis par couches successives pour obtenir une couche d'ocre de 80 cm d'épaisseur. Le lavage du minerai et le remplissage des bassins se faisaient durant l'hiver où l'eau ne manquait pas. Les bassins étaient ensuite abandonnés à l'action du soleil après l'évacuation du surplus d'eau claire situé en surface.

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Lors du séchage, l'ocre craque dans les bassins (phénomène naturel affectant toutes les terres desséchées). Les ouvriers vont cependant canaliser ce craquement en quadrillant l'ocre à l'aide d'un outil (pic ou autre). Ce quadrillage, effectué au bon moment, va provoquer lors du séchage la découpe de l'ocre en brique. Celles-ci étaient à la fin de l'été sorti des bassins et empilé en murs tout autour des bassins pour parfaire le séchage.

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Les briques d'ocres séchées étaient ensuite acheminées vers le moulin de Sainte-Croix ou à l'usine de Canadel à Villes-sur-Auzon. L'ocre y était broyé, tamisé puis conditionné en tonneaux et plus récemment en sac. Ceux-ci étaient expédiés dans une autre usine à Apt où l'ocre était mélangée ou cuits avec d'autres ocres pour obtenir les couleurs et nuances désirées. 

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Depuis la fin de l'exploitation, la nature reprend peu à peu ces droits. La végétation dominante est composée de pins maritimes et de bruyères. Ces plantes trouvent, sur ce terrain pauvre en calcaire, un terrain favorable à leur croissance. La pinède recouvrant le site a fait l'objet d'un reboisement. La végétation originelle, composée de chêne vert, de chêne blanc et de buis, reconquiert petit à petit du terrain, sauf à l'ouest du site, où ont été accumulés les sables, déchets du lessivage des ocres.  

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Pour ceux que cela intéresserait, voici le parcours de 8 km (3 h), ou plus suivant les pauses.

ocres de mormoiron

Si vous aimez les paysages étonnants et les couleurs chaudes, je vous conseille de vous rendre dans ce site, encore préservé, et peu fréquenté, du parc naturel régional du Luberon, où l’ocre y est roi. Les explications, ci-dessus, sur l'exploitation de l'ocre viennent du site : 

http://www.abbaye-saint-hilaire-vaucluse.com/En_Vaucluse_les_Ocres_du_Pays_d%27Apt_et_du_versant_sud_du_mont_Ventoux.pdf

Merci d'avance pour vos commentaires qui font toujours plaisir ! A bientôt.