Je vais vous parler aujourd’hui, de notre escapade à Beaume de Venise, du weekend, dans les Dentelles de Montmirail, à la découverte d’un oppidum paléochrétien, ainsi qu'une petite chapelle surprenante, (la chapelle St Hilaire), au milieu d'un champ de fleurs, perdue en pleine montagne.
Chapelle Notre Dame d'Aubune à Beaumes de Venise, (vue du chemin).
Les sites remarquables du plateau se répartissent sur plus d’un kilomètre. On distingue d’Est en Ouest :
- Le Castellas, XIème siècle et les ruines d’Urban,
- La ville longue, entre le Castellas et St Hilaire,
- La Chapelle St Hilaire, VIème-XIIème siècles,
- La nécropole paléochrétienne, entre St Hilaire et l’oppidum,
- L’oppidum gallo-romain,
- Les carrières d’Ambrosi,
- La carrière d’Aubune,
- Notre Dame d’Aubune
- La martilière du diable (torrent du Lauchun).
On accède à l’oppidum gallo-romain, ainsi qu'à la chapelle St Hilaire, soit depuis le domaine de Durban ou depuis la chapelle Notre Dame d'Aubune, par un sentier de randonnée, très escarpé, en ligne de crête, sur le plateau des Courens, une nécropole paléochrétienne.
À l'ouest de la chapelle d'Aubune débute un sentier botanique, qui passe au sommet de la colline.
Vous pouvez également emprunter la piste DFCI partant de cet endroit vers l'est. Puis emprunter le sentier balisé d'un rectangle jaune, partant sur la gauche de la piste (à environ 500 m de la chapelle).
Ce sentier mène par une forte montée (escalade), à la chapelle Saint Hilaire et au Castellas. Surplombant le village de Beaumes de Venise, le Castellas de Durban, veille sur les dentelles de Montmirail et sur la plaine du Comtat Venaissin.
Autour de ce château construit après l’an mil, s’est agglutiné au 12e et 13e siècles un village de colons, formant ainsi un Castrum. Le puissant Geoffroy de Venasque en fut l’un de seigneurs. Abandonné progressivement dès le 17e siècle, il est aujourd’hui ruiné, à l’exception de la chapelle castrale, dont il reste l’ossature et le chœur, et d’une partie des remparts et du donjon. Les premiers sondages archéologiques menés sous l’égide du service d’Archéologie du Conseil Départemental ont révélé un riche potentiel : citernes enfouies, silos, bases de tours et maisons.
Pour arriver à la chapelle st Hilaire et le Castellas, une bonne paire de chaussures est indispensable, en raison de cailloux instables, et d'une forte pente, à flanc de colline.
Nous serpentons dans des passages très étroits, au milieu de chaos de rochers, dont le surprenant rocher du Diable. Lors de précédentes randonnées, nous avions déjà pu découvrir l’édifice de Notre-Dame d'Aubune, à Beaume de Venise, dont la légende attribue la construction à Charlemagne, mais qui en réalité remonte au XIIème siècle. Nous avions eu l’occasion d’en admirer les richesses.
Il eût été dommage que le diable, perché là-haut au bord du plateau de Courens ne fît basculer sur la chapelle l’un de ces énormes rochers plats qui émergent de la pente. La Vierge Marie empêcha ce geste nous dit aussi cette légende.
Le rocher du Diable (en équilibre).
Au pied de ce promontoire naturel, bercée par le parfum de la garigue, ce moment hors du temps nous appartenait totalement.
Dans la montée, nous passons devant l'ancienne forge et la carrière, où les anciens ont extrait des pierres.
La carrière où l'on extrayait les pierres.
Isolée sur une colline, la chapelle est en cours de restauration. Des fleurs (iris, rosiers, des oliviers, etc...) ont été plantés, au pied de la chapelle, rendant le lieu plein de charme !
Nous avons profité longuement de cet endroit fleuri, idyllique, pour faire une petite pause, avant de nous rendre aux grottes d'Ambrosi, ensuite (assez difficiles à trouver).
Du haut, la chapelle offre une vue magnifique sur la plaine du Comtat-Venaissin...
...les dentelles de Montmirail...
...et le Mont Ventoux, en toile de fond.
Grâce au courage de nombreux bénévoles la chapelle St Hilaire, perchée sur une colline, renaît petit à petit de ses cendres.
La chapelle avant la restauration.
Elle fut construite sur l'emplacement d'un temple romain, dont les 4 bas-reliefs, en réemploi, sont aujourd'hui exposés à l'espace archéologique de Beaumes de Venise.
La chapelle en cours de restauration. (avril 2017)
L’association « Sauvegarde de la chapelle Saint Hilaire » en assure actuellement la réhabilitation. La toiture vient d'être terminée lors de notre passage le 24 mars 2019.
Le silence qui règne à cet endroit est ressourçant, il est tout juste interrompu par le bruissement des feuilles dans les arbres.
En cours de restauration (mars 2019)
Cette chapelle, joyaux de l'art roman, offre un exemple particulièrement important de l’architecture paléochrétienne. C’est un lieu de mémoire de la première implantation chrétienne, dans un village perché du Vaucluse.
La découverte de la tombe d'Epyminia, dans les environs, certifie l’occupation de la colline par les chrétiens, dès le Ve siècle. Cet important édifice du VIe siècle, est un des premiers témoins de la Provence chrétienne.
Histoire de la chapelle
Après avoir servi de refuge face aux invasions, elle fut dévastée et incendiée par les sarrasins qui ravagèrent la contrée au début du 8ème siècle. Début du 12ème siècle, elle aurait été restaurée par quelques moines qui vivaient sous la protection des seigneurs de Durban. Ensuite, elle fut abandonnée. Au cours de l’automne 2011, une famille de Beaumes, propriétaire de la parcelle 792 sur laquelle se trouve la chapelle St Hilaire, effectue une donation à l’association diocésaine d’Avignon. Suite à cet apport, la chapelle devenant bien diocésain, Monseigneur Cattenoz charge l’association « Sauvegarde de la chapelle Saint-Hilaire » d’en assurer la réhabilitation.
Propriété privée et, bien qu’elle ne soit pas classée ni inscrite, cette chapelle présente le plus grand intérêt pour trois raisons :
- Elle est du 6ème siècle et sa monumentale construction offre un exemple particulièrement important de l’architecture paléochrétienne.
- C’est un lieu de mémoire essentiel pour les chrétiens. La plaque de la tombe d’Epyminia, trouvée dans les environs, certifie l’occupation de la colline par les chrétiens dès le 5ème siècle.
- Isolée sur une colline de 297m, la chapelle se détache sur le fond des Dentelles de Montmirail et le Mt Ventoux, dans un paysage rural encore intact, auquel on ne peut accéder qu’à pied.
A proximité de la chapelle St Hilaire, nous découvrons les traces de l’oppidum des Courens. La nécropole paléochrétienne des Courens était une vaste nécropole, de 7 hectares, des premiers siècles du christianisme, qui s'étend sur la partie sud du plateau. Côté sud, les habitants pouvaient facilement observer toute manifestation suspecte (fumées des feux de camps d’éventuels ennemis, nuages de poussières, incendies, déplacement de troupes armées…). Côté nord, ils pouvaient recevoir des signaux (feux, fumées) des autres oppida (Entrechaux, Clairier de Malaucène…) ou vigies.
En effet, le massif des Dentelles de Montmirail, qui culmine à 627 mètres, possédait au moins deux vigies : la grotte du Turc et la Tour sarrasine, dont les appellations sont trompeuses car le mot turc, qui signifie « rocher » et la Tour, construite en pierres liées, n’a pas été construite par les sarrasins. Il s’agissait vraisemblablement de vigies aménagées par les Romains, ou peut-être est-ce un ancien castrum.
Ruines du château féodal du XIIe s.
Le versant nord est recouvert d’une épaisse forêt de chênes verts, alors que le versant sud a été planté en oliveraies sur restanques, étayées par des murs en pierres sèches. La plupart d’entre elles ont été abandonnées dès le début du XX° siècle et rapidement conquises par des genêts et des pins d’Alep.
Le sommet de l'oppidum des Courens se présente sous la forme d'une dorsale de 100 mètres de large et est constituée de terrasses, délimitées par des murs construits en pierres sèches. Certains d'entre eux renferment des pierres parfaitement équarries, voire sculptées, et provenant de constructions relativement récentes (de la Chapelle de St Hilaire et du Castellas).
Ancienne cabane et son rempart en gros appareil.
Des fragments d'amphores attestent de la présence grecque dès le VIe siècle avant notre ère. Présence suivie de celle des tribus Celto Ligures puis des Romains au IIe et Ier siècle avant JC. Une cinquantaine de sépultures ont été mises au jour lors de fouilles archéologiques. On peut encore voir une ancienne cabane, et son rempart en gros appareil, (photo ci dessus). Juste à côté un sarcophage en pierre a été disposé pour servir d'abreuvoir.
Ces sarcophages monolithiques qui couvrent une partie de l'oppidum des Courens, proviennent d'une carrière, située à flanc de colline, à l'ouest du rocher du diable.
Dans cette nécropole gallo-romaine les sépultures s'échelonnent du Ve au VIIIe siècle. L'aspect rustique des sarcophages indique qu'il y avait là une population autochtone pauvre. Ses cabanes étaient édifiées en pierres sèches, argile et branchages. Elle utilisait une poterie grise typiquement celte. Les fragments de poteries trouvés sur l'oppidum, vont de cette poterie grossière et indigène, à de la poterie grecque et gallo-romaine.
Il est évident que pour cet oppidum le manque d'eau et de silos de réserve ne devait pas permettre une résistance efficace au siège d'une armée. De plus, l'importance de leur population est difficile à apprécier. Il devait y avoir de trois à cinq cents habitants, sur l'oppidum des Courens.
Notre Chihuahua parmi les fleurs de la chapelle St Hilaire.
Après un petit tour à travers l’Oppidum et sous le Rocher du Diable, à l’aplomb de la Chapelle N-D d’Aubune, nous gagnons la brèche d’Ambrosi, puis basculons du côté Nord, par la faille entre Ambrosi et Courens, où se trouvent des grottes qui ont donné leur nom au village.
Ces galeries naturelles servaient jadis de refuge à de nombreuses familles, (comme au temps des guerres de religion).
Les Grottes d’Ambrosi sont en fait des carrières d’extraction de meules situées sur le flanc nord-ouest du plateau.
Remarquons au passage les nombreux coquillages fossiles incrustés dans la roche. Ici, il y a quelques millions d’années, Téthys, l’ancien océan de l’ère secondaire recouvrait tout. Nous en verrons les traces encore, un peu plus bas, lorsque nous longerons le pied de la falaise où se trouvent les Grottes (ou crottes) d’Ambrosi dans lesquelles étaient extraites les lourdes meules de pierre servant à presser olives et céréales.
L’ensemble d’une surprenante beauté, offre un lieu unique de contemplation pour les générations futures qui emprunteront ce sentier et qui découvriront ce lieu étonnant ! Venez découvrir ce lieu insolite, qu'est la chapelle Saint Hilaire, située sur le plateau des Courens et ses grottes. Cette randonnée est un must de toute découverte approfondie de Beaume de Venise. A bientôt pour de nouvelles aventures !
Pour en savoir plus sur la restauration de la chapelle Saint Hilaire, à Beaumes de Venise :
Eglise abandonnée depuis des siècles dans un lieu magnifique. En cette 5ème année de travaux, nous désirons restaurer entièrement le transept.
https://www.credofunding.fr
Vous proposez là encore un coin superbe à découvrir et que vous documentez fort bien.
Bonne soirée