Qu'ils soient perchés, à flanc de coline, ou lovés dans un écrin de verdure, les villages typiques du Luberon, valent à eux seuls un voyage en Provence. Partir à leur découverte, est toujours une expérience extraordinaire !
Après avoir visité le fort de Buoux et ses impressionnantes falaises, nous nous dirigeons vers le petit village médiéval du même nom, situé dans la vallée étroite de l’Aiguebrun, en plein cœur du Parc naturel du Luberon. A 8 km au sud d’Apt, Buoux, qui compte une centaine d'habitants, est plein de charme et très bien restauré !
Vieux panneau, en ciment, indiquant l'entrée du village de Buoux.
Petit village mais haut lieu historique. Dès le Paléolithique moyen (moustérien), environ 50 000 ans avant notre ère, l'homme y établi son habitat. Le Néolithique occupe une grande place dans ces lieux privilégiés et bien abrités. C'est à cette époque que nait l'architecture en pierres sèches, avec l'apparition de l'âge des métaux. On note aussi une présence préromaine importante.
Le haut Moyen Age semble caractérisé par un habitat dans le vallon de l'Aiguebrun. Au pied de l'oppidum, socle naturel, qui servira plus tard à l'installation du fort de Buoux, naît le village primitif de Buoux, avec son église aux trois autels tabulaires placé sous le vocable de Saint Germain. De cette communauté initiale ne subsistent que deux cents tombes rupestres et un autel tabulaire placé dans l'église paroissiale actuelle.
La ville d'Apt, dans la plaine et le Mont Ventoux en fond de décor.
Le territoire du Buoux est, pour l’essentiel, constitué d’une véritable forteresse naturelle, avec un éperon escarpé, détaché du plateau des Claparèdes. C’est tout naturellement au sommet de cette plate-forme qu’a été construit le célèbre fort de Buoux. En 1540 il devient alors le lieu de résistance pour les Vaudois, jusqu’à son démantèlement sous Louis XIV en 1660, qui fera détruire les fortifications du village.
Nous garons notre voiture en contrebas du village, avec une belle vue sur la vallée.
Le village actuel, est positionné au pied d'une falaise, dans la vallée agricole.
Connu pour ses fromages de chèvre, Buoux est surtout célèbre pour ses falaises offrant de nombreuses voies d'escalade. C'est aussi le paradis de la randonnée dans les gorges de l'Aiguebrun, et le cyclisme sous toutes ses formes...
Falaise et site d'escalade.
De par sa situation géographique, le petit village rural et pastoral, de Buoux, a joué un rôle défensif naturel depuis la préhistoire.
Il était au carrefour de deux voies de passage, millénaires, qui allaient d'Aix-en-Provence à Apt, jusqu'à ce que la route de la combe de Lourmarin obtienne son tracé actuel.
Ruelles pavées, descendant dans le village, église au 1er plan.
Entre les maisons en pierre, les ruelles pavées, la petite église provençale et les belles bastides, du 17e siècle, tout semble être figé, comme au temps du Moyen âge.
Joli lavoir, avec fontaine à l'entrée du village.
Les belles bastides, entourées de leur domaine agricole (lavande, arbres fruitiers et chênes truffiers), appartenaient à de riches protestants.
Entretenues et restaurées avec soin, elles donnent beaucoup de cachet au village.
A Buoux, avec ses allées de cyprès et ses murs ocres, on se croirait presque en Toscane.
Ici, même avant la belle saison, on profite de l’art de vivre à la provençale. Sur un terre-plein du village, ont lieux des parties endiablées de pétanque. La pétanque n'est pas qu'un simple jeu de boules et d'adresse.
C'est aussi et surtout le sport de l'amitié et de la convivialité, avec de gais compagnons, parfois un peu râleurs, certes et parfois même un peu mauvais joueurs, oui, peut-être aussi. Mais avouons que cela fait tout le charme de ce jeu !
L'édifice, du XIIe siècle, est d’une sobre élégance architecturale : couverture en dalles imbriquées, clocher-mur à deux baies inégales, nef unique, abside voûtée en cul-de-four, portail plein cintre en bel appareil.
L’autel de pierre est surmonté d’un retable à pilastres cannelés. L’architrave porte encore l’inscription lapidaire, médiévale : "Sancta Maria de Buolis O.M.". Ce retable servait autrefois d’encadrement au tableau de la Vierge Marie.
Autour de l'église on peut voir l'ancien et le nouveau cimetière surélevé. Il reste quelques tombes, à même la terre, posée sur des dalles de pierres. Cet espace de paix et de repos mérite le silence, pour ceux qui ont contribué à la vie quotidienne, du paisible village de Buoux.
La visite de cette chapelle, est très particulière car il n'y a rien de plus émouvant que l'usure du temps sur la pierre (comme ces vieilles tombes noircies par le temps), pour faire parler l'histoire.
Nous étions seuls et ce coin de verdure nous semblait presque offert tant le calme semblait y régner en permanence.
En poursuivant notre balade, au carrefour à droite, on trouve l’ancien château seigneurial de Buoux, qui est devenu "château de l’environnement", et propriété du parc naturel régional du Lubéron. « En 1418, c’est Béranger de Forcalquier qui remet pour services rendus, le château, le village, à Mr Lancelot de Pontevès. Dès lors, la seigneurie de Buoux appartient à la branche des Pontevès. Le château a été transformé au XVIIè siècle (plus de fossés, plus d’enceinte, ni de tourelles), mais inachevé puisque la toiture de l’aile droite n’a jamais été posée.
Classé monument historique, il constitue un site privilégié, dans un cadre exceptionnel, en pleine nature, pour une découverte du milieu et du patrimoine. Il est possible de louer une partie de cet imposant bâtiment, qui offre des chambres simples pour 2 ou 4 personnes, et quelques salles destinées aux activités, et au repas.
Proche du château de l'environnement, sur un espace de quelques mètres, on trouve de drôles de formes, tels que ces boulets de canon. Ce sont des sphères de 10 à 50 cm de diamètre, régulières, compactes, enchâssées dans la molasse grise, de la falaise. Plus carbonatées que les autres, plus résistants à l’érosion, elles sortent peu à peu de leur support, finiront sans peut-être par s’en détacher et rouleront au bas de la pente. Ces boules sont créés par cimentation de sable, de limon, et par de la calcite. Cette masse calcaire a subi, et continue à subir une importante érosion hydraulique. Ce qui frappe sur ce plateau, c'est l'abondance de l'eau qui coule dans les sentiers et des falaises.
On a la même chose dans le cas des boules de Saint-André-de-Rosans (Hautes-Alpes), phénomène différent mais comparable. A l'Abbaye de Valsaintes, dans les Alpes de Haute Provence, on trouve aussi ce genre d'oeufs, appelés boulinettes, composés de gré sous-marins, et âgés de 110 millions d’années.
Boulinettes à l'Abbaye de Valsaintes.
Au loin, le campanile élancé de la chapelle Saint-Symphorien, se détache sur le vert sombre des pentes du Lubéron. Il ressemble plutôt à une tour de guet, ce qu’il fut certainement, de par sa position, le long de la route de Marseille, et en bordure d'un vallon.
Le vieux village perché, de Buoux, et ses alentours, où se trouvent notamment les ruines du Fort du même nom, méritent tout particulièrement votre visite. Il peut faire l’objet, même, d’une belle escapade, lors d’un week-end.
En remontant en direction de Apt, à quelques kilomètres du village de Buoux, nous découvrons au détour d'une route de campagne, une autre belle chapelle, au milieu des cerisiers et cyprés : la chapelle St Martian,(ou St Massian).
Plusieurs miracles sont attribués à Saint Martian, notamment la résurrection d'un jeune aptésien décédé (Apt). Vivant de mendicité et de dons, lui et l'un de ses frères allaient un jour récolter des fonds sur la route de Buoux, lorsque Martian eut un malaise et mourut sur un rocher.
La légende raconte que les cloches sonnèrent toutes seules pour annoncer sa mort, et que le corps fut entouré de lumière mais ne put être décollé, sauf en présence de l'évêque. Il fut inhumé dans la cathédrale d'Apt où ses reliques sont depuis lors conservées. Le rocher (à l'intérieur de l'église), est toujours vénéré, et on raconte que les enfants qui y étaient déposés guérissaient de la fièvre. C'est autour de ce rocher que fut construite la chapelle en 1660.
Chapelle prise au coucher du soleil.
La chapelle est entourée d'un mur de pierres et d'un agréable espace de verdure, avec une imposante croix.
Couverte d'un toit de tuiles et surmontée d'un clocher, elle abrite une voûte en berceau. Derrière l'autel, on peut voir un pan du rocher vénéré, muni d'un escalier.
Derrière l'autel, quelques marches donnant accès au rocher vénéré, émergeant de la colline.
Au-dessus de la porte, une pierre taillée, en forme de blason, porte l'étonnante devise suivante : "1660 Tout par force", date probable de sa construction.
Blason avec devise : "Tout par force".
Sur la route nous menant à Apt, nous traversons le plateau des Claparèdes, (prochain billet), avec de beaux champs de cerisiers en fleurs, des champs de lavande et des cyprés aux abords des belles bastides.
Cerisiers du plateau des Claparèdes.
Cette promenade, hors du temps, dans un endroit remarquable, fut une belle découverte ! C'est toujours un plaisir de faire le plein de lumière, de couleurs et de l'ambiance authentique, qui règne dans ces petits villages.
Sans le vouloir, nous étions arrivés à l'heure parfaite pour découvrir cet endroit. Une fois que nous avons fini notre promenade, impossible de partir avant de voir le coucher du soleil. À ce moment de la journée, le ciel avait viré au jaune/oranger, nous sommes sont restés longtemps contempler à contempler ce paysage aux petits airs de Toscane.
Allée de cyprés menant à une belle bastide, dans la région d'Apt.
J'emportais avec moi les images de ce paysage incroyable, mais ce que ma mémoire a conservé de ce moment passé là-bas, ce n'est que la sensation d'avoir pris part à un véritable spectacle de la nature ! Le fait de vivre dans une région, où le décor est propice à l'évasion, me facilite grandement la tâche, mais ce que j'aime par-dessus tout, c'est apprécier à leur juste valeur, ces instants somme toute ordinaires, (comme ce coucher de soleil).
Vous souhaitez en savoir plus sur le Luberon, je vous invite à suivre ce lien :
Laissez-vous tenter par le Luberon. Des villes et villages perchés à la vue incroyable, dont Gordes, l'un des plus beaux villages de France, des sentiers d'itinérance de toute beauté, un patrimoine historique remarquable et une gastronomie reconnue ...
http://www.luberoncoeurdeprovence.com
Merci à vous de passer régulièrement sur mon sie et pour vos commentaires forts sympathiques, qui me motivent. A bientôt !
Et finalement... je vois que vous êtes vous aussi amoureux du Lubéron... comme moi je le suis de l'Ardèche... et comme Christian avec ses magnifiques montagnes ! Il ne pourra pas dire le contraire là ! Chacun a ses petites préférences après tout... sa dernière parution... avec les dolomites dont j'ai toujours rêvé faire à pied sur un grand chemin de 8 à 10 jours... c'est trop beau ce Massif ! Heureusement qu'on a les blogs maintenant et nos partages !
Bonne soirée...
Gilbert