Après la découverte de la Pagode de Fréjus, nous ne pouvions passer à côté de la curieuse Mosquée Soudanaise Missiri, de style africain, de oculeur ocre foncé. Un panneau indique « Mosquée Missiri ». La question que l'on se pose : mais que fait cette mosquée, en ce lieu, sur un terrain vague et entourée d'un grillage ?
Cet édifice religieux musulman, ce trouve à Fréjus, sur la route de Bagnols-en-Forêt, en face du Camp militaire de Caïs. L'intérieur, n'est pas ouvert au public, sauf pendant les journées du patrimoine. Quelques clichés, pris de cette mosquée, que j'ai eu beaucoup de plaisir à redécouvrir, en regardant mes photos. Une balade au cœur de l’un des joyaux de Fréjus.
Histoire de la mosquée : À l’initiative du Général Gallieni, Fréjus accueille, en 1915, les 1ers contingents, recrutés outre-mer, et devient un site de transition pour ces soldats, leur permettant de s’acclimater avant leur départ pour le front. Des camps et des hôpitaux militaires sont alors construits pour recevoir les troupes africaines et indochinoises.
Après la guerre, tous ne sont pas rapatriés. Pour combattre le mal du pays, les tirailleurs sénégalais, basés à Fréjus, tentent, en 1928, de recréer un environnement familier. Suivant l’exemple de leurs compagnons d’armes, les tirailleurs indochinois, qui avaient édifié une pagode, dès 1917, (précédent billet), ils construisent une mosquée, au camp de Caïs, au nord de Fréjus. Cette mosquée constituera, plus un édifice symbolique, qu’un véritable lieu de culte.
La bâtisse semblable à un petit fortin, se trouvait d’ailleurs entourée de cases en paille, afin de reconstituer un village de brousse africaine et même quelques fausses termitières en béton, avaient été dispersées aux alentours, pour faire ambiance savane.
Sa construction sera achevée en 1930. La dernière unité africaine quitte Fréjus en 1964.
Vieille carte postale, de la mosquée de Missiri, à Fréjus, datant de 1955.
La mosquée de Fréjus, représente une réplique de la mosquée de Djenné, ville de la moyenne vallée du Niger dans l’actuel Mali, anciennement le Soudan français.
La mosquée de Fréjus est entièrement bâtie en béton armé recouvert d’enduit rouge, la volonté étant de s’accorder aux tons des terres locales (l’originale, quant à elle, est constituée de briques de pisé, à dominante ocre jaune).
De plan carré, quatre ailes entourent une cour centrale, ouvrant sur des galeries. Elle ne possède pas de minaret, pas de toit, une simple coursive le long du mur d’enceinte. Des escaliers permettent l’accès à la terrasse. Il s’agissait, plutôt, d’un simple décor !
Le style de la Missiri de Fréjus est semblable au modèle africain, avec ses tours d'angle, aux pinacles coniques. Sur les parois extérieures des pointes implantées dans les murs, tiennent la structure de la mosquée et servent d'échafaudage lors des travaux d'enduisage.
Les soldats s’y réunissaient pour palabrer, jouer du tam-tam ou faire leurs sacrifice de poulets à l’écart des regards indiscrets.
En 1987, la mosquée est inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques ; elle est la propriété du ministère de la Défense.
Un grand chantier de consolidation et de rénovation, s’est achevé au début des années 2000. À cette occasion, deux représentations figuratives, peintes sur les faces internes des massifs d’escalier, ont été restituées, afin de réparer les dégradations causées par les intempéries, mais surtout le vandalisme : à l’est on peut voir un chameau, à l’ouest deux tirailleurs sénégalais.
L’exotisme du site est encore accentué par la présence, à l’extérieur, de fausses termitières elles aussi en béton armé. D’autres structures, plus difficilement identifiables, peuplent ce site remarquable, d’où l’on peut embrasser d’un seul regard, entre les pins parasols, le rocher de Roquebrune et la mer. (Texte A. Champeaux)
Avec la pagode vietnamienne, la découverte de cette mosquée, surprenante, fut un moment très émouvant de notre journée ! Elle vaut la visite, tant par son histoire, que par son architecture malienne, et son environnement, un véritable havre de paix !
On a bien laissé des églises dans ces Pays ! Alors...why not ?
Gilbert