Je vais partager avec vous, dans cet article, notre plus belle trouvaille, lors de notre escapade d'un weekend. A proximité de Bollène, (Vaucluse), se trouve le village troglodytique du Barry. Abandonné, c'est l'un des plus remarquables d'Europe, encore en très bon état.
Nous découvrons une centaine d'habitations, taillées dans un écrin rocheux, au flanc d'une colline, qui sert de frontière naturelle, avec les communes de Saint-Restitut et Saint-Paul-Trois-Château, dans la Drôme.
Ces habitations, abritées du mistral, sont creusées dans une molasse sableuse, (ou safre). Un ensemble remarquable où l’on trouve des vestiges, allant des Celto-ligures, aux Romains, jusqu’au XIXe siècle.
Le village médiéval, sur l’éperon rocheux, était défendu par le château fort du XIe et XIIe siècle. L’oppidum protohistorique, où certains historiens y situent la ville d’Aéria, est la principale cité des Tricastins.
Le village était encore habité, il y a une cinquantaine d’années. Alarmée par la mort de quelques-uns de ses membres ensevelis dans leur demeure écroulée, la population s’est repliée dans le hameau de Saint Pierre de Sénos.
Les maisons, creusées dans le roc, sont bien conservées. En Provence « Barri » signifie : muraille, rempart, ou fortification.
Elles sont creusées dans une molasse sableuse. Toutes agencées de la même façon, avec un grand espace familial, ouvrant sur une série d’alcôves.
Sur notre chemin, nous tombons sur la chapelle Notre-Dame-de-l'Espérance, qui vient d'être restaurée récemment.
Nous découvrons les aménagements utiles à la vie quotidienne : des citernes pour les eaux de pluie, des écuries souterraines, des éviers en pierre munis d'un trou d'écoulement, des emplacements de boîte à sel…
...des cheminées en pierre, des cuves à vin, des fourneaux potagers, des placards..., qui sont les témoignages d'une certaine ingéniosité des habitants à s'adapter à ce village de pierre.
Un évier, près de la cheminée de la pièce principale, situe le lieu d’élection de la ménagère. Les traces du seau d’eau, nécessaire à la vie du foyer, se retrouvent sur l’évier ou à proximité.
L'hiver les grandes cheminées devaient convenir à une vie conviviale dans les grandes pièces. Fourneau potager : foyer proche de la cheminée où l’on faisait mijoter les potages sur des braises (photo de droite).
L’eau était tirée autrefois du Vallon des Croïlles, où l’on pouvait en trouver toute l’année, ou bien des puits creusés dans le rocher tout près de la porte d’entrée. Ces puits étaient alimentés par des eaux de pluie s’infiltrant au travers de la roche. Ils remplissaient probablement aussi le rôle de citerne.
On y trouve même un aqueduc souterrain sous le village, qui récoltait l’eau par condensation.
Aqueduc souterrain.
Nous constatons que le village est protégé du vent et bénéficie d'une facilité de chauffage, au moindre rayon de soleil, qui permettait l'utilisation des terrasses.
Tout en bas, nous admirons le lavoir, et tout ce qui formait un village.
Une remise (soue), creusée à quelques pas de la maison, permettait l’élevage du cochon qui fournissait le principal des protéines l’hiver : viande salée ou conservée dans le saindoux.
A l’intérieur des maisons, vous trouverez en général une pièce principale autour de laquelle sont creusées diverses alcôves : on peut y remarquer une petite niche ayant abrité la lampe à huile, ou la bougie qui apportait un peu de lumière. Les traces de fumée subsistent encore, fournissant la preuve de cette utilisation.
Silo à grains, cuve à vin ou lit ?
Depuis les hauteurs, la vue imprenable sur la vallée du Rhône, sur le canal de Donzère à Mondragon, et la centrale nucléaire de Pierrelatte, était un régal pour les yeux !
Nous remontons vers les crêtes par un chemin empierré. Il nous amène au château du Barry qui aurait été édifié à l'emplacement d'un oppidum ligure. Il ne reste que l'emplacement et un pan de mur qui domine la vallée du Rhône...
Nous devons, à l’ancienne «Association des Amis de Barry», la réalisation de travaux de restauration ou de mise en sauvegarde, effectués durant une vingtaine d’années par des jeunes et des bénévoles, avec le soutien de la Région, du Département et l’aide matérielle de la municipalité de Bollène.
Notre promenade, hors du temps, dans ce village troglodytique, fut un vrai délice. Nous ne sommes pas près d'oublier cet endroit, situé dans un endroit remarquable, que nous visitons pour la 2ème fois, sans jamais nous lasser.
Véritable joyau du patrimoine bâti et paysager, le site de Barry a été fermé aux visites, suite à un arrêté de péril, pour cause de risque d'éboulement. Le site est, pour l'instant, fermé au public. De leur côté, les autorités communales et les services de l'Etat entendent bien réhabiliter le village et en faire un site touristique. La restauration du village préhistorique de Barry implique une reprise par le domaine public de ce site, qui appartient à 70% aux propriétaires privés.
Informations tirées du site :http://www.bollenetourisme.com
Bonne journée,
Gilbert