Lorsque l'on se promène dans le Luberon, on parcourt des territoires de chênes, de garrigues, de pins, dont l'aspect sauvage, contraste avec l'agriculture bien entretenue de la plaine. Mais derrière cette végétation, des pentes ont été modelées, en terrasses, par les paysans, au cours des siècles, (du XII et au XIXème s.).
Point de départ du conservatoire des Terrasses.
Pour vous montrer l'ingéniosité de nos ancêtres, c'est au Conservatoire des terrasses et cultures, à Goult, que je vous emmène aujourd'hui. Après 15/20 minutes de marche, à partir du moulin de Goult, nous arrivons sur le site paysager, exceptionnel, du Conservatoire des terrasses et cultures. Cinq hectares de "restanques", nous attendent, sur des sentiers caladés, bien entretenus.
Du haut de son piton, au niveau du moulin, le village offre un magnifique panorama, sur les vallées du Calavon et du Limergue.
Nous empruntons un chemin rural, avec tout le long de beaux murs de pierres sèches, entre lesquels des petits sentiers s’ouvrent comme un labyrinthe.
Qu’ils soient pavés, caillouteux, à même la roche qui affleure, ou envahis par la végétation, ces murs font partie du patrimoine. Il est important de les maintenir en bon état.
Une fois récupérées des terres, jonchées de blocs de molasse ou de calcaire, toutes les pierres étaient soigneusement empilées en « clapié » par les paysans et servaient ainsi de réserve pour de futures constructions.
Saison après saison, le Luberon a fini par se couvrir couvert de murs, de murets de clôtures, et de terrasses de culture.
Pour créer ces espaces plats, ils ont nivelé la pente, construits des murets pour retenir une terre, lors des rares, mais intenses précipitations, tout en conservant l'humidité lors des périodes sèches.
Ils ont maitrisé l'eau, source de prospérité, mais aussi de catastrophes. Ils ont drainé les eaux de ruissellement, capté et conduit cette eau rare et précieuse, pour irriguer les cultures.
Ils ont construit des galeries drainantes, des aiguiers, et des citernes.
Ces restanques ou « bancaou », en provençal, pour décrire les cultures en terrasse, sur un terrain pentu, retenaient la terre, et ont permis la mise en culture des coteaux abrupts.
Dès que l’on se promène sur le site, des traces de ce passé rural affleurent çà et là comme : les bories. C’est un type de construction qui requiert un savoir-faire certain, les éléments devant être judicieusement croisés. En règle générale, le bloc employé est laissé à l'état brut, mais peut être toutefois sommairement retaillé. Les matériaux proviennent de l'épierrage des champs, du sol même du site de l'édifice, voire de la récupération des pierres d’un bâtiment en ruines. C'est donc un type de construction qui ne coûte rien. Montés avec patience, et inventivité, les bories jalonnent le Luberon et les Monts de Vaucluse.
Il n'y avait besoin d'aucun liant pour jointoyer ces pierres, juste par simple empilement et calage des éléments entre eux. Technique séculaire était employée pour les architectures modestes à usage d'habitation, et surtout pour les très nombreux ouvrages utilitaires qui émaillent nos campagnes : cabanes abritant les outils ou les hommes en cas de pluies ou de forte chaleur, jas ou bergeries, murs d'enclos pour les troupeaux, calades, aires de battage, aiguiers, ruchers, murs de soutènement des terrasses de culture (appelées "restanques" ou "bancaous")...
Restanque, après restanque, les paysans ont crée un terroir, aux multiples ressources, composé de : vignes, céréales, oliviers, et arbres fruitiers.
C’est dans cet amphithéâtre naturel, protégé du mistral, du gel, et par son exposition plein sud, que les agriculteurs, d'autrefois cultivaient, sur ces terres peu fertiles : l'olivier et l'amandier.
Les cultures en terrasse associent l’eau, la terre et la pierre.
1 - L’eau qui irrigue par infiltration et dont on maîtrise le ruissellement par le captage dans des aiguiers.
Citerne creusée dans la roche.
2 - La terre, qui en s’accumulant, enrichit et amende les sols.
3 - La pierre, retirée du sol, permet des constructions caractéristiques d’assemblages en pierre sèche. Elles servaient d'abri pour les paysans. Le Parc Naturel du Luberon recense 1610 bories sur 11 communes. A Gordes, ainsi qu'à Bonnieux, elles forment des villages de bories, ouverts aux promeneurs. De beaux témoignages de ce qu’a été, depuis des siècles, la vie de la Provence profonde, celle de Giono, celle des ruraux et des bergers.
L'usage de la "pierre sauvage" a perduré jusqu'à nos jours. Mais avec l'apparition des mortiers de chaux, nos bâtisseurs ont renoncé à la construction laborieuse des bories, pour nous laisser de beaux murs de pierre, ou des petits cabanons, au milieu des champs.
Sur le site du Conservatoire des Terrasses et Cultures, à goult, nous avons pu voir, à flanc de collines :
- des terrasses plantées d’oliviers,
- des bories : On les appelait “Lou Bori” ce qui, en provençal, signifie simplement “cabane”.
Elles furent certainement des habitations à leurs origines, et le furent aussi au XVII° et XVIII° s., lorsque les habitants des villes s’y réfugièrent pour fuir la peste, mais leur fonction a été avant tout utilitaire et pastorale. Au cours de nos promenades et randonnées, nous serons surpris par la variété de formes et de tailles qu’offrent ces bories.
Les grandes cabanes rectangulaires, bories longues de 5 à 20 m, avec parfois un petit étage en bois pouvant accueillir provisoirement une récolte de céréales, ou un berger lorsque les terres en jachère étaient pâturées.
- des cabanons,
Cabanon en pierre sèche avec barbecue à l'intérieur et table en pierre.
- des ruchers (ou murs apiés) :
- des escaliers volants,
- des citernes, cuves, aiguiers : Les aiguiers sont des citernes qui peuvent être couvertes d'une voûte en pierres, pour garantir la qualité de l'eau, en maintenant des températures fraîches, en empêchant l'évaporation et en évitant que les animaux ne s'y noient.
Les cuves vinaires sont des citernes, creusées dans la roche, pour la fabrication du vin. Les cuves à vin blanc comportent un petit fouloir pour ne laisser que le jus dans la cuve, au contraire du vin rouge, où on laissait macérer la grappe entière.
- des murs en pierres sèches,
- une croix.
Un circuit est bien balisé et plusieurs panneaux nous donnent des explications, au fur et à mesure du parcours.
Cet ensemble, qui compose ce site, était l’endroit où l’on cultivait la terre, avant l'exode rural, et le développement des techniques agricoles.
Ce lieu est la mémoire du savoir-faire des anciens, dans l’emploi des techniques de construction en pierre sèche : les bories et murs en témoignent.
Les cultures, retenues par des murs de pierres extraites du sol, permettaient aux paysans d'agrandir leurs terres agricoles. Elles étaient un appoint aux terres cultivées dans la plaine, fertiles mais inondables.
Comme dans toute la Provence, l’apogée de la pierre sèche se situe au milieu du XVIIème siècle, lorsque la forte augmentation de la population pousse les éleveurs et les agriculteurs à étendre leurs activités sur les collines. A partir de l'avènement de l'irrigation de la plaine de Carpentras à Avignon, dans les années 1860, l’usage de la pierre sèche décline pour être presque totalement abandonné avec la mécanisation de l'agriculture dans les années 1960.
Au XXe siècle, la désertification des campagnes, à la suite de la 1ère guerre mondiale et de l’exode rural, a joué un rôle capital dans l’abandon des restanques.
Ces terrains, bien exposés, à l’abri du vent, sont propices à la culture de l’olivier et de l’amandier. Ce site est aujourd'hui conservé et entretenu, pour le plus grand plaisir des curieux. Ces restanques nous ont offert l'occasion de découvrir le monde rural, de la Provence d'autrefois.
L'Association Pierre Sèche en Vaucluse, qui s’occupe de ce patrimoine provençal, s'est créée en 1983, autour de l'intérêt pour ces témoins d'économies agricoles, et pastorales anciennes, dont la disparition progressive, due à l'abandon de ces territoires, s'est accélérée ces dernières décennies, par des déprédations de toutes sortes. Un patrimoine à protéger absolument !
A la fin de notre balade, au milieu des restanques, nous revenons jusqu’au moulin, pour continuer la visite de la partie haute du village et ses anciens remparts. (voir lien ci-dessous, pour la visite du village de Goult). Le bleu du ciel, mélangé à quelques nuages blancs, rendait encore plus magique cette journée !
Dans ce billet, je vais vous parler du vieux village de Goult, aux multiples facettes, et plein de charme, qui a su garder son âme provençale ! Entre Cavaillon et Apt, pas loin de Gordes, dans le Parc Naturel Régional du Luberon, ce paisible village perché cache, derrière son air typiquement provençal, un riche patrimoine, et un passé que l'on peut même qualifier d'illustre.
http://photosvillages.canalblog.com
N'hésitez pas à me dire si vous avez déjà fait ce parcours et si vous connaissez d'autres belles balades à faire dans la région. Dans le Luberon, il y a de quoi faire en matière de randonnée, c'est une telle chance ! Pour en savoir plus sur le Luberon, je vous invite à suivre ce lien :
Laissez-vous tenter par le Luberon. Des villes et villages perchés à la vue incroyable, dont Gordes, l'un des plus beaux villages de France, des sentiers d'itinérance de toute beauté, un patrimoine historique remarquable et une gastronomie reconnue ...
http://www.luberoncoeurdeprovence.com